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Un grand parking sur la Place de La Victoire ?

Que se passe-t-il sur la Place ?

Le 17 décembre 2021 était annoncée, devant la Renaissance encore “debout” lors d’une première conférence de presse publique, la démolition de cette dernière ainsi que celles de l’ancienne clinique Saint Nicolas et la Maison de Marie-Galante. 

Maison de Marie-Galante au 18-09-2023

Concernant ces deux dernières, l’annonce a été faite par le porteur foncier : Facebook

Regarder de 28 min à 33 min 30 sec sur la vidéo.

Pour rappel, une étude sanitaire chiffrée réalisée début 2021, soit un an après l’incendie du cinéma, avait indiqué que la restauration et le confortement de la façade était possible pour un coût moindre que la démolition/”reconstruction”. 

Pourquoi l’option de la démolition a été choisie ?

La dent de creuse de la Renaissance au 01-11-2023

On nous promettait aussi cette fameuse “reconstruction à l’identique” de la Renaissance avant la course transatlantique…qui a eu lieu en novembre 2022 : Facebook

Regarder à partir de 1 h 14 min de la vidéo.

Le 13 juillet 2022, à l’occasion d’une seconde conférence de presse publique au même endroit (la Renaissance en moins) était annoncé le projet retenu pour créer un nouveau cinéma, entre autres, mais aussi (et cette information était inattendue) la création de 250 places de parking…sur la Place de La Victoire.  Au fil du temps, des choses apparaissent…pourtant, un monument historique a été détruit !!
Il aurait été logique qu’il y ait d’abord un projet…

Selon les panneaux présentés ce jour, l’un d’entre eux (daté de juin 2022) faisait état de places de parking partant de la Sous-Préfecture jusqu’au Nord de la Place, devant le nouveau Tribunal de Commerce (ancienne Caisse d’Epargne).

Illustration de la zone approximative du parking projeté selon les plans présentés lors de la conférence
Zone concernée par le parking selon les plans présentés, vue vers le Sud au 18-09-2023
Zone concernée par le parking selon les plans présentés, vue vers le Nord au 18-09-2023

Ce projet a-t-il été validé par les autorités compétentes en matière de patrimoine (abords de monuments historiques) mais aussi d’urbanisme, sans oublier la partie écologie ?

Facebook

Regarder à partir de 1 h 19 min 20 sec de la vidéo de la conférence du 17/12/2021.

Dorénavant, ça se passe en conseil municipal, en effet selon les convocations et procès verbaux, régulièrement le porteur foncier est autorisé par la ville à acheter des parcelles aux alentours de l’ancienne Renaissance afin d’y créer des places de parking supplémentaires, il s’agit donc de démolition de bâtisses anciennes à prévoir pour les parcelles construites, toujours dans le périmètre des 500 mètres de monuments historiques, pourtant réglementé.

Les parcelles ont été sélectionnées et leur sort a été scellé en conseil municipal (cf procès verbaux).

Des questions se posent

  • L’aspect patrimonial de la Place sera-t-il pris en compte ?
  • Pourquoi n’y a-t-il pas encore eu d’enquête publique sur tout ce projet ?
  • Des arbres multi centenaires vont-ils être abattus ?
    Certains ont été plantés en 1794 (229 ans). 
  • La Maison de Marie Galante et la Clinique Saint Nicolas vont-elles être détruites comme indiqué ?
  • N’y a-t-il pas possibilité de faire un chantier-école sur la Maison de Marie Galante ?

Le patrimoine est un outil potentiel économique majeur pour la ville, mais aussi un marqueur fort de l’identité pointoise et guadeloupéenne. Préservons-le !
L’association suit de près le dossier.

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Ti kamo Lapwent

La Renaissance-fin

En 1927, quatre pointois créent, le 19 décembre,
La Société du Théâtre de la Pointe-à-Pitre” pour laquelle ils souscrivent à hauteur de 400.000 francs de l’époque.
Les protagonistes sont Messieurs DÉLOS (négociant), FIDELIN (maire), d’ALEXIS (concessionnaire automobile) et ZINBAN.

A l’origine, il s’agit de construire un théâtre, sur la parcelle ayant été occupée par les écuries Rennard et démolies lors du cyclone de 1928.
La ville n’avait plus de théâtre à proprement parler depuis l’incendie de celui qui occupait l’emplacement du kiosque à musique jusqu’en 1882.

La construction dure de 1929 à 1930.
Les 4 investisseurs font appel à Henri GABRIEL père et fils, l’un professeur de dessin au lycée Carnot et proche de plusieurs d’entre eux et le second, étudiant en architecture.

Henri GABRIEL architecte guadeloupéen, concepteur de la façade de La Renaissance


Il dessine la façade inspirée du style Renaissance notamment avec son fronton surmonté d’un coquillage et de deux ailerons latéraux,

Détails du fronton de La Renaissance

d’Art Nouveau avec ses portes et ferronneries typiques
mais aussi de type modénature avec ses moulures et ses corniches

Détails des portes et modénature

et de style Art Déco avec ses rampes d’escaliers intérieurs latéraux,

Escalier d’entrée, côté droit, vue depuis la place

sans oublier un style plus ancien concernant les galeries latérales (garde-corps et poteaux moulés et décorés en fonte) visibles depuis la place de La Victoire.

Détails d’une des deux galeries latérales

La Renaissance est inauguré le 22 mars 1930.

Dans les années 1930 et jusqu’au début de la 2nde guerre mondiale, il arrivait que des projections soient diffusées sur la place. C’est aussi à cette époque qu’elle devient une salle de cinéma munie de 500 sièges.
Il arrivait que le projecteur soit placé sur le balcon situé sur la façade et l’image était projetée sur un grand drap tendu entre deux poteaux.
Le projectionniste se nommait Monsieur JULIENNE et sa femme travaillait comme comptable et tenait également la caisse des billets.
L’intérieur était décoré de stuc habillant les structures métalliques.
L’intérieur n’avait rien à envier à toutes les salles de spectacle puis de cinéma de l’époque.
Un balcon en forme de fer à cheval occupait la partie supérieure.
La salle du projectionniste se situait juste derrière la façade, toujours à l’étage.
L’écran était situé côté rue Gilbert de Chambertrand (anciennement rue Condé) et une scène surplombait une petite fosse la séparant du public,

La Renaissance, avait un concurrent à proximité, près de la Darse…Le Rialto.

En 1937, Félix EBOUÉ y prononça son discours “Jouez le jeu” lors de la distribution du prix du lycée Carnot.
En 1958, André Malraux y tenu une réunion sur la redéfinition du statut départemental de la Guadeloupe.

Dans les années 1960-70-80, s’y jouaient des concerts tels que celui de Dalida, Johnny HALLYDAY, Charles AZNAVOUR et tant d’autres…il arrivait souvent que les groupies fassent fi de la fosse et accèdent à leurs stars préférées avant de leur sauter au coup.
Les artistes venaient avec un de leurs musiciens et s’entraînaient avec des musiciens d’orchestres pointois tels que CÉLINY, DEBS, ou encore SARKIS…Mais aussi des troupes de théâtre….
Certains anciens aiment à raconter leurs souvenirs dans ce lieu mythique, l’ambiance des bals titanes, des concerts, des spectacles, du premier film qu’ils ont vu de leur vie, de la ferveur sur la place de La Victoire.

Mais aussi les plus jeunes qui ont connus les derniers instants de La Renaissance jusqu’en 2001.

Le monument appartenait au groupe martiniquais Elizé (via la Société guadeloupéenne de renaissance cinématographique CINESOGAR).
Durant toute son histoire cinématographique, Les propriétaires successifs faisaient venir les pellicules de films de France et les diffusait avant que ces derniers ne partent dans les autres cinémas des différentes communes de la Guadeloupe.

En 2012, le rachat est finalisé par la communauté d’agglomération centrale.
De nombreux projets et études sont menés sur la destination des lieux.

Ce 25 janvier 2022 marque la fin de ce lieu mythique, ayant nourri de culture les pointois et les guadeloupéens durant près de 71 ans…
2 ans jour pour jour après l’incendie ayant ravagé l’intérieur désaffecté du lieu le 25 janvier 2020.

Le 22 mars 2022, le monument historique inscrit en 2009 ne fêtera pas ses 92 ans…

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La Renaissance

Il y a un peu moins d’un mois, nous abordions l’incendie de la Renaissance qui a ravagé le monument historique inscrit au titre des Monuments Historiques pour sa façade, ses deux galeries latérales et sa toiture.

En ce même mois de janvier 2021, un rapport post incendie a été rendu sur l’état sanitaire actuel de la façade et dont des décideurs ont reçu copie :

LA FACADE PEUT ETRE SAUVEE !

En effet, il existe des méthodes de conservation ayant déjà fait leurs preuves, à charge aux décideurs de décider du sort des ouvrages inscrits au titre des monuments historiques dont la façade à elle seule représente la place de La Victoire et qui garde les souvenirs de tant de Pointois mais également représente la fierté de Pointe-à-Pitre et de ses habitants.

Méfions-nous des promesses de reconstruction à l’identique, la maison natale de Saint John Perse (démolie illégalement par arrêté municipal en septembre 2017) n’a toujours pas été reconstruite à ce jour.

OSONS DIRE STOP AU VENDALISME DU PATRIMOINE DE POINTE-A-PITRE !!