Les maisons en fer et en brique des années 1870-1880 appartiennent à une phase très particulière de l’histoire de l’architecture et de la construction, marquée par l’essor de la révolution industrielle et par l’expérimentation de nouveaux matériaux et techniques.

Source : Gallicana.bnf.fr / Bibliothèque Nationale de France
- Le contexte :
Révolution industrielle : dans les années 1870, la fonte, le fer forgé puis l’acier deviennent disponibles à grande échelle. Ils s’ajoutent à la brique industrielle, produite en masse par des fours modernes. Des briquetteries seront installées en Guadeloupe.
Ré-urbanisation rapide : les deux incendies de juillet 1871 entraînent un besoin urgent de logements solides, économiques et faciles à construire.
Hygiénisme et feu : le bois, jusque-là très répandu, est jugé trop inflammable et insalubre. On cherche des alternatives plus « modernes ».
Le Conseil Municipal de l’époque, sous l’égide du maire Alcide Léger (1871-1877), vote un certain nombre de dispositions dans la reconstruction de la ville, notamment la construction de murs coupe-feu entre chaque maison, des bassins d’eau dans les arrière-cours ainsi que des passages latéraux pour y accéder, des bornes fontaines un peu partout dans la ville…
- Les maisons en fer :
Dès les années 1850, on fabrique déjà des structures préfabriquées en fer, exportées dans les colonies britanniques et françaises (les maisons démontables de Joseph Paxton par exemple).
Dans les années 1870, ces procédés gagnent les villes en Europe et aux Etats-Unis : ossatures métalliques combinées avec briques de remplissage.
Le fer permet de porter de plus grandes charges et de créer des ouvertures plus larges (fenêtres, vitrines). C’est l’ancêtre de l’architecture des gratte-ciel américains.
- Le rôle de la brique :
La brique reste le matériau le plus économique et courant pour les façades et les cloisons.
Souvent, la structure métallique est cachée derrière une enveloppe en brique, ce qui donne un aspect « traditionnel » tout en profitant de la solidité du fer.
Cela marque la naissance d’un style hybride : brique ocre/jaune/orange décorative à l’extérieur, ossature de fer à l’intérieur des murs.

- Exemples marquants en Occidents :
Chicago après l’incendie de 1871 : reconstruction massive en brique et métal, qui donnera naissance au Chicago School of Architecture.
En Europe : cités ouvrières (par ex. en Angleterre et dans le Nord de la France) utilisent la brique industrielle, parfois associée à des éléments métalliques.
Paris et expositions universelles : les pavillons démontables en fer et brique illustrent la modernité (cf. pavillons de l’Exposition de 1878).
- A Pointe-à-Pitre :
Il existent une dizaine de maisons en fer et brique » dans le centre-ville de Pointe-à-Pitre. (cf carte ci-dessous). Ces bâtisses sont encore visibles de nos jours. L’exemple le plus emblématique est le musée Saint-John Perse, anciennement La Maison Souques. Elle fut le logement d’Ernest Souques, co-fondateur de l’usine Darboussier puis celui des directeurs de l’usine qui l’ont succédé.
Les détails de façade de ces constrcutions témoignent de ce passé industriel, portuaire et commercial de Pointe-à-Pitre.

Ces maisons et immeubles sont des précurseurs du ciment armé puis béton armé (qui remplaceront progressivement le fer et la brique après 1900).
Ils témoignent d’une période charnière : entre la maison traditionnelle maçonnée au rez-de-chaussée et le bois à l’étage et l’architecture moderne en ciment armé puis béton armé.
Pour aller plus loin :
