Cette date marque l’armistice entre la France et l’Allemagne alors en guerre depuis 1914. Signé le 11 novembre 1918 à 05h15, il met fin provisoirement aux combats de la Première Guerre mondiale (1914-1918). Initialement prévu pour une durée de 36 jours, il sera ensuite renouvelé. Cet armistice reconnaît de facto la victoire des Alliés et la défaite de l’Allemagne, bien qu’il ne s’agisse pas d’une capitulation formelle. Des soldats Guadeloupéens et Pointois ont participé aux combats débutés le 28 juillet 1914. Dans cet esprit, notre association souhaite leur rendre hommage, car chaque vie est précieuse. Ils se sont engagés et ont payé de la leur ce combat pour la liberté sur un autre continent.
Sur un total de 9151 conscrits, les registres de l’état civil comptent officiellement 1168 Guadeloupéens morts pour la France.
Au Sud de la Place de La Victoire, et plus précisément sur le Square de la Banque est installé depuis 1925, et grâce à une souscription publique, un monument (“La Douloureuse de la Pointe-à-Pitre“, oeuvre du sculpteur Galy) acheté sur catalogue dont un monument similaire fut installé à Montluçon dans l’Allier quelques années plus tôt. Chaque année, une cérémonie se déroule au pied de cette représentation allégorique de la Mère Patrie endeuillée, élus représentant la Mairie, le Département, la Région, l’Association des Anciens Combattants ainsi que l’Etat par la présence du Préfet, passent en revue les troupes des corps de pompiers ainsi que des militaires avant de déposer une gerbe de fleurs en hommage aux soldats et engagés dans le conflit meurtrier.
Né au Gosier le 9 novembre 1873 sous le matronyme RENÉ, fils d’un esclave affranchi (Hyacinthe BOISNEUF), Achille est reconnu par la famille BOISNEUF et vit à Pointe-à-Pitre. Dans cette ville, il étudie au lycée Carnot.
Par David GREGOIRE - 09.11.2024 - Pointe-à-Pitre, Guadeloupe.
Il fait ses premier pas en politique en 1900 et fonde le journal “Le Libéral”, mais les accusations de meutre commis sur “Madère”, militant politique, devant son propre domicile situé au n°75 de la rue Henri IV, le mène quelques temps en prison.
En 1907 il écrit : “Les évènements de la Guadeloupe. Jours de batailles. Mes procès. L’affaire de la rue Henri IV” dans le but de montrer sa vision et son point de vue des différents évènements des débuts des années 1900 en Guadeloupe.
En 1910, Il soutient les grèves ouvrières du secteur sucrier. La même année, il part faire des études de droit à Paris afin de devenir avocat. A son retour il se jète dans l’arène politique guadeloupéenne et est élu maire de Pointe-à-Pitre (1911 – 1922 et 1925 – 1927), député de la Guadeloupe (1914 – 1924) ainsi que Président du Conseil Général (1912 – 1922).
De 1914 à 1919, sous la 3eme République, durant la XIe législature, il fait partie du groupe des députés du “Parti républicain radical et radical socialiste” à la Chambre des députés (Assemblée Nationale)
De 1919 à 1924, toujours sous la 3eme République, durant la XIIe législature, il fait partie du groupe des députés du “Parti radical et radical socialiste” à la Chambre des députés (Assemblée Nationale)
En 1922 il écrit : “Le manuel du conseiller général des colonies, assemblées coloniales, conseil généraux” afin de faire comprendre les enjeux politiques, sociaux et sociétaux guadeloupéens de son époque.
Il décède le 29 décembre 1927 à Pointe-à-Pitre.
Il fut membre de la loge maçonnique pointoise “Les disciples d’Hiram”.
Dans les années 1930, la rue d’Arbaud prend le nom de rue Achille RENÉ BOISNEUF en hommage à ce grand homme politique guadeloupéen.
En décembre 2023 pour les 150 ans de sa naissance, un buste est installé dans l’ancienne mairie, actuelle médiathèque Achille René Boisneuf, à l’étage dans la salle dédiée autrefois aux délibérations (salle Jacques Beaumatin) à l’occasion d’une riche exposition organisée par des descendants de l’homme politique. Voir l’article
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Sources : Maryse RINALDO et David GRÉGOIRE, Assemblée Nationale, Guadeloupe la 1ere.
Né en Martinique de parents guadeloupéens le 3 octobre 1905, il est diplômé Ingénieur Architecte E.T.P. en 1929.
Par David GREGOIRE – 03.10.2024 – Pointe-à-Pitre, Guadeloupe.
En 1930 il conçoit en béton armé le kiosque à musique de la Place de La Victoire, sur un plan octogonal comme le précédent détruit par le cyclone de 1928, de style “Second Empire” conçu, lui, en acier. Ce sera son premier édifice.
Dès 1930 il collabore avec l’architecte des colonies Ali TUR dans l’élaboration de plusieurs bâtiments et complexes comme la capitainerie du port et l’Office de tourisme, mais aussi avec l’architecte Edmond MERCIER dans la réalisation de l’immeuble de la Banque de la Guadeloupe situé square de la Banque (au sud de la Place de La Victoire).
A la fin des années 1940, il dessine les plans du Palais de la Mutualité (1944-1945), l’immeuble des employés de la Banque sur le Boulevard Légitimus (1947) ainsi que de nombreux immeubles d’habitation privés du centre-ville. Son œuvre est visible en majeure partie sur la rue Frébault, en effet, il sera sollicité pour concevoir la reconstruction de plusieurs îlots dès 1950 suite à l’incendie de 1947 en plein centre-ville autour de la rue Barbès. Son style traverse et mêle l’Art Déco le Modernisme et le Bauhaus. Dès sa collaboration avec un autre architecte guadeloupéen, Gilbert AMARIAS, le Modernisme sera très utilisé comme pour l’ancienne gare maritime transatlantique qui abrite aujourd’hui le siège du Grand Port Maritime de la Guadeloupe conçue à la fin des années 1950 par le cabinet d’architectes Corbin-Amarias…
…ou encore l’aérogare Sud du Raizet, d’abord en bois (200m²), puis en béton armé, démolie en 2021 et dont seule la tour de contrôle subsite au côté de la nouvelle tour. Le 20 septembre 1949, en tant qu’architecte départemental, désigné par le Service des Ponts et Chaussées, il est missionné par les autorités pour se rendre à New-York (aéroport JFK) afin de prendre toutes les informations utiles pour la conception d’une superstructure concernant l’aérogare, les hangars et autres installations de base aérienne à venir. L’aérodrome (avec son aérogare en bois) est inauguré le dimanche 14 mai 1950, ce qui marque l’arrêt définit de l’utilisation du plan d’eau de la Darse comme piste d’amérissage des hydravions. Il est alors appelé “Aérodrome de Pointe-à-Pitre“. En mai 1953, c’est une nouvelle aérogare qui est inaugurée. Elle fait près de 1126 m², toujours signée de l’architecte. L’ensemble prend le nom d'”Aérodrome de Pointe-à-Pitre– Le Raizet” par arrêté du 23 novembre 1962 . En 2024, le projet de changer de nom pour “Guadeloupe – Maryse Condé” est acté par les différentes autorités administratives. Le 29 septembre 2024, l’arrêté du changement de nom daté du 26 septembre 2024 paraît au Journal Officiel. Le code international IATA “PTP” (pour Pointe-à-Pitre), lui, reste inchangé.
Il collabore avec les entrepreneurs guadeloupéens tels messieurs Chataîgne, Petrelluzzi, Dioninus Santelli, Oswaldo…
Il fonde le Conseil régional de l’ordre des architecte Antilles-Guyane le 9 décembre 1959 qu’il installe dans le même immeuble (de sa conception) que son cabinet d’architecte situé angle des rues Achille René Boisneuf et Schoelcher. Il sera réélu président en 1956, et de 1958 à 1965. Par la suite, l’ordre se scinde en deux, créant ainsi le Conseil de l’ordre des architectes de la Guadeloupe. En tant qu’architecte du département il supervise la construction du Sacré-Coeur de Pointe-à-Pitre. De nombreux immeubles à travers la ville, co conçus avec Gilbert AMARIAS, reconnaissables à leur forme géométrique, filant en lignes droites et créant une perspective sont encore bien visibles de nos jours comme l’ancienne boucherie Soudron ou encore la Librairie Générale Jasor rue Schoelcher.
Véritable génie d’une architecture pensée et adaptée au climat et aux contraintes liées à de nombreux risques naturels de la Guadeloupe, très prolifique il aura été à l’origine de plus de 460 constructions en Guadeloupe (notamment à Vernou) et plus de 127 officiellement rien qu’à Pointe-à-Pitre (sans compter la cinquantaine d’immeubles non répertoriés dans la ville ! ). Il décède à Pointe-à-Pitre en 1975.
Voir les détails :
Parmi ses réalisations pointoises majeures on compte :
A noter que le président de l’association, David GREGOIRE, a collaboré avec des acteurs du patrimoine et de l’architecture à l’étude du patrimoine du XXe siècle en vue de labélisation « Architecture contemporaine remarquable » (ACR) commandée par le Ministère de la Culture de certains édifices et quartiers de la ville de Pointe-à-Pitre.
_____________________ *qui traite spécifiquement des dossiers d’équipement et d’urbanisme de la commune.
Sources : Michel Corbin et recherches de David Gregoire
Chaque année, le 31 mai marque la date anniversaire de la fondation de la ville de Pointe-à-Pitre. En effet, c’est le 31 mai 1764 que le gouverneur François Charles de BOURLAMAQUE émet une ordonnance pour la création d’un bourg situé sur le Morne Renfermé (emplacement actuel correspondant : au Quartier du Port / aux rues Achille René Boisneuf, Delgrès et Peynier).
Auparavant, fin 1763, dans le but de développer une ville à l’emplacement du Morne Renfermé, le gouverneur demande à des ingénieurs hydrographes et militaire d’étudier les avantages et inconvénients du site : profondeur de la baie, tracé des côtes, type de sols… Ce choix est dû au fait que sous l’occupation anglaise de la Guadeloupe de 1759 à 1763 (10/02/1763 Traité de paix de Paris mettant fin à la guerre des 7 ans), des cases de pêcheurs et des comptoirs commerciaux avaient été installés sur l’arrête étroite du Morne. Ce Morne sera par la suite arasé : le monticule sur lequel le lycée Carnot se trouve en est le vestige.
En février 1764, le gouverneur envoie une lettre au Roi comportant la solution retenue par ses soins pour l’établissement d’une nouvelle ville, mais la lettre reste sans réponse. C’est suite à cela que le gouverneur ordonne la création du bourg à l’emplacement cité plus haut.
Notre association est heureuse, pour le patrimoine immatériel et matériel de Pointe-à-Pitre, de la pose d’une plaque sur la façade de la maison natale située au 15 rue Alexandre Isaac, de l’auteure guadeloupéenne, lauréate du prix Nobel Alternatif 2018 de littératureMaryse CONDÉ, en ce mardi 26 mars 2024 à 16h30.
Cette idée est à l’initiative de David GRÉGOIRE, président de notre association Patrimoine Pointois, qui l’a proposée au service culturel de la ville de Pointe-à-Pitre lors d’une réunion de travail en décembre 2022.
Pointe-à-Pitre a vu naître de nombreuses personnalités ayant marqué la littérature, les arts, la politique, le sport, en Guadeloupe et à travers le monde.
(Re)Découvrez l’œuvre littéraire de Maryse CONDÉ :
Patrimoine Pointois a collaboré avec deux élèves en design d’espace à Basse-Terre, Noély et Pierre, sur un épisode de notre chaîne de podcast.
Ci-dessous la restitution de leurs travaux de recherches sous la forme d’une planche.
→ Cliquez sur l’image pour zoomer :
Notre association soutien, collabore et accompagne toutes les initiatives positives envers la sauvegarde et la transmission du patrimoine et de son histoire à des fins pédagogiques.
Le 4 février marque la date de la première abolition de l’esclavage en France suite à un vote de la Convention Nationale (Assemblée Nationale). Ce vote fut le fruit du travail de plusieurs personnes dont le député de Saint-Domingue (Haïti) Jean-Baptiste BELLEY, premier député noir français, qui votera le 3 février 1794 le texte, non sans heurts avec les députés conservateurs et proches des propriétaires-planteurs dans les colonies. Moins connue que celle de 1848, cette abolition intervient 4 ans après la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui donnera la citoyenneté aux personnes de couleur et aux juifs sur le sol français. En Martinique, les propriétaires-planteurs initieront un accord avec la Couronne britannique afin de passer sous son protectorat et ainsi échapper à l’abolition sur l’île.
Jean-Baptiste BELLEY serait né le 6 juillet 1746 ou 1747 sur l’île de Gorée au Sénégal. Il fut embarqué à l’âge de 2 ans pour Saint-Domingue et mis en esclavage jusqu’à ce qu’il puisse racheter sa liberté grâce à son métier de perruquier.
Il fut élu député de la Convention Nationale le 24 septembre 1793 pour représenter le département du Nord de la colonie française de Saint-Domingue au côté de deux autres élus de l’île. Il faisait partie des députés dits montagnards et fut membre du Club des jacobins.
Nommé chef de la légion de gendarmerie à Saint-Domingue en 1801, il fut trahi puis incarcéré dès 1802. Il meurt le 6 août 1805 dans la forteresse de Belle-Ile en mer.
Une copie de la proclamation de l’abolition de l’esclavage est apportée en Guadeloupe par Victor HUGUES. Son navire débarque sur la plage des Salines au Gosier le 2 juin 1794. Une stèle commémorative fut installée sur la même plage par le Komité 94, en 1994. Dans la cale du bateau se trouve également une guillotine devant servir à couper le cou des propriétaires d’habitations sucrières, des royalistes et autres opposants à la Convention.
Cette date marque l’arrivée du bateau nantais “L’Aurélie” le 24 décembre 1854, en provenance d’Inde et plus particulièrement de Pondichéry. Il débarque à La Darse le premier convoi de 314 travailleurs indiens engagés sous contrat après plusieurs semaines en mer et deux océans traversés. Le dernier convoi (sur 93 au total) amenant 600 travailleurs, lui, sera effectué sur le navire “Nantes Bordeaux” le 31 janvier 1889. Les guadeloupéens indo-descendants obtiennent la nationalité française en 1923, fruit du combat d’Henry SIDAMBAROM.
Chaque année, c’est l’occasion pour des descendants, pour l’Association des Amis de l’Inde et le Comité du Premier Jour de rendre hommage à leurs aïeux lors d’une cérémonie et d’apporter des offrandes au pied du Mémorial du Premier Jour. Il est installé en 2004 à l’angle Nord-Est de La Darse. Composée de cuivre et de zinc, la sculpture est l’œuvre de l’artiste indien Inderjeet Sahdev.
Le 17 décembre 2023, une gerbe est déposée dans La Darse et la première pierre du futur Mémorial du Premier Jour est posée sur le site de Darboussier en présence de son excellence Jawed ASHRAF, ambassadeur d’Inde en France. (Re)voir le reportage de Guadeloupe la 1ere
Le 29 novembre – Ce jour marque l’anniversaire de la naissance de Camille MORTENOL. De son nom complet, Sosthène, Héliodore, Camille MORTENOL, il est né un mardi 29 novembre 1859, dans une modeste case à l’angle des rues Abbé Grégoire et de Nozières à Pointe-à-Pitre. Son père, né en Afrique vers 1809, est emmené en Guadeloupe et mis en esclavage. Il parvient, le 23 juillet 1847, à acheter sa liberté auprès du gouverneur de la Guadeloupe Marie Jean-François LAYRLE. Il prend le patronyme “MORTENOL”.
Scolarisé en primaire auprès des Frères de Ploërmel à Pointe-à-Pitre, puis dans un collège à Basse-Terre, Camille MORTENOL, élève brillant, sera repéré par un puissant homme politique qui lui obtient une demi bourse d’état lui permettant de compléter une demi bourse locale afin d’intégrer le lycée Montaigne à Bordeaux vers 1875. Il poursuivra son parcours remarquable à l’Ecole Polytechnique, à Paris, qu’il intègre en 1880 sur concours. Il est alors 19e sur 209 reçus.
Il rejoint ensuite des corps expéditionnaires de l’armée française, notamment à Madagascar. Il recevra de nombreuses médailles pour ses faits d’arme. De 1915 à 1917, à sa demande, il est chargé de superviser la défense anti-aérienne de Paris contre les raids de l’armée allemande. Il aura embrassé une brillante et longue carrière militaire notamment en tant qu’officier de la Marine française.
Mort le 22 décembre 1930, il est inhumé au cimetière de Vaugirard à Paris.
Un mystère perdure quant à son identité…
De nos jours à Pointe-à-Pitre, une rue et une cité portent son nom, une statue lui rendant hommage est installée depuis les années 1990 sur les quais, et deux plaques retraçant son parcours sont accrochées sur la façade d’un immeuble ayant remplacé sa case natale.
Le 17 décembre 2021 était annoncée, devant la Renaissance encore “debout” lors d’une première conférence de presse publique, la démolition de cette dernière ainsi que celles de l’ancienne clinique Saint Nicolas et la Maison de Marie-Galante.
Concernant ces deux dernières, l’annonce a été faite par le porteur foncier : Facebook
Regarder de 28 min à 33 min 30 sec sur la vidéo.
Pour rappel, une étude sanitaire chiffrée réalisée début 2021, soit un an après l’incendie du cinéma, avait indiqué que la restauration et le confortement de la façade était possible pour un coût moindre que la démolition/”reconstruction”.
Pourquoi l’option de la démolition a été choisie ?
On nous promettait aussi cette fameuse “reconstruction à l’identique” de la Renaissance avant la course transatlantique…qui a eu lieu en novembre 2022 : Facebook
Regarder à partir de 1 h 14 min de la vidéo.
Le 13 juillet 2022, à l’occasion d’une seconde conférence de presse publique au même endroit (la Renaissance en moins) était annoncé le projet retenu pour créer un nouveau cinéma, entre autres, mais aussi (et cette information était inattendue) la création de 250 places de parking…sur la Place de La Victoire. Au fil du temps, des choses apparaissent…pourtant, un monument historique a été détruit !! Il aurait été logique qu’il y ait d’abord un projet…
Selon les panneaux présentés ce jour, l’un d’entre eux (daté de juin 2022) faisait état de places de parking partant de la Sous-Préfecture jusqu’au Nord de la Place, devant le nouveau Tribunal de Commerce (ancienne Caisse d’Epargne).
Ce projet a-t-il été validé par les autorités compétentes en matière de patrimoine (abords de monuments historiques) mais aussi d’urbanisme, sans oublier la partie écologie ?
Regarder à partir de 1 h 19 min 20 sec de la vidéo de la conférence du 17/12/2021.
Dorénavant, ça se passe en conseil municipal, en effet selon les convocations et procès verbaux, régulièrement le porteur foncier est autorisé par la ville à acheter des parcelles aux alentours de l’ancienne Renaissance afin d’y créer des places de parking supplémentaires, il s’agit donc de démolition de bâtisses anciennes à prévoir pour les parcelles construites, toujours dans le périmètre des 500 mètres de monuments historiques, pourtant réglementé.
Les parcelles ont été sélectionnées et leur sort a été scellé en conseil municipal (cf procès verbaux).
Des questions se posent :
L’aspect patrimonial de la Place sera-t-il pris en compte ?
Pourquoi n’y a-t-il pas encore eu d’enquête publique sur tout ce projet ?
Des arbres multi centenaires vont-ils être abattus ? Certains ont été plantés en 1794 (229 ans).
La Maison de Marie Galante et la Clinique Saint Nicolas vont-elles être détruites comme indiqué ?
N’y a-t-il pas possibilité de faire un chantier-école sur la Maison de Marie Galante ?
Le patrimoine est un outil potentiel économique majeur pour la ville, mais aussi un marqueur fort de l’identité pointoise et guadeloupéenne. Préservons-le ! L’association suit de près le dossier.
Si vous aimez le patrimoine, c’est peut-être le moment de prendre en photo cette belle villa de ville pointoise, en effet sa silhouette élégante ne sera bientôt plus qu’un souvenir à en croire les documents du conseil municipal. Géolocalisation
Pour rappel, le 9 août 2022 le conseil municipal a voté à l’unanimité des membres présents le portage foncier de la parcelle (source : PV du Conseil Municipal). Il a été présenté les plans d’un immeuble tout en béton de trois étages plus galetas (R+4 ?) et prenant emprise sur toute la parcelle, sa façade donnant directement sur le trottoir. ->Au revoir la belle cour aérée, place à la chaleur ! Pourtant cette villa et sa parcelle ne manquent pas d’atouts. Ainsi, ce qui la caractérise en villa de ville pointoise est dû au fait qu’elle se situe au milieu du terrain et qu’elle soit de construction typiquement pointoise avec ses façades au bardage de bois à larges planches, ses marquises décorant les pants de toit, ses auvents aux dimensions permettant tant l’abri de la pluie que du soleil ou encore son bassin situé sur sa droite dans la grande cour et la large galerie ouverte sur trois côtés pour une fraîcheur assurée.
L’histoire de ce lieu est atypique; il s’agit de l’une des plus anciennes agences de transit de Guadeloupe fondée en 1896 et reconstruite après le cyclone de 1928. Ce lieu rappelle l’histoire maritime pointoise avec ses transitaires en douanes, ses quais ou encore ses entrepôts. Beaucoup de pointois se souviennent de la célèbre agence de voyage (située sur la droite depuis la rue) qui jadis leur avait permis de séjourner dans de multiples destinations à travers le monde. Côté loi, la bâtisse se situe dans le périmètre de protection des 500 mètres de plusieurs monuments historiques (cf. Code du Patrimoine) dont l’ancienne mairie (40 m), le Musarth (70 m), ou encore le Musée Saint John Perse (195 m) pour ne citer qu’eux !
A l’heure où le conseil municipal nous parle de son désir de “rafraîchir la ville” et de “lutter contre les îlots de chaleur” notamment lors du conseil municipal du 26 mai 2023 :
“13. Recyclage des Friches urbaines (Tranche 1) – Centre ancien de la ville de Pointe-à-Pitre – Végétalisation et renaturation des espaces publics en centre-bourg pour limiter le ruissellement des eaux pluviales et lutter contre les ilots de chaleur – Demande de subvention DETR 2023“
Source : Convocation Conseil Municipal du 26 mai 2023.
Selon le point 2 de l’ordre du jour du conseil municipal du 9 août 2022 :
“2- PORTAGE FONCIER DE LA PARCELLE A1 5 ACQUISE PAR l'[…] POUR LE COMPTE DE LA VILLE DE POINTE-A-PITRE Monsieur M[…] présente ce point en indiquant que l'[…] a donné son accord pour procéder à l’acquisition de la parcelle AI 5 d’une superficie de 410 m² sise 2, rue Jean Jaurès, pour le compte de la Ville de Pointe-à-Pitre. Ce bien étant destiné à la construction de logements. Il explique les contours d’une convention opérationnelle de ce portage foncier.
Monsieur le Maire apporte des précisions sur ce projet. Il indique que cette convention prévoit un certain nombre d’options que l'[…] peut prendre en charge pour la collectivité. Il explique les modalités d’intervention et les différents avantages que peut bénéficier la ville, notamment dans le cadre de l’optimisation des actifs et l’accompagnement de l'[…]…“
Extrait du PV du Conseil Municipal du 9 août 2022
Des questions se posent alors : -Pourquoi avoir voté la démolition de fait de ce magnifique pan du patrimoine pointois en le remplaçant par un bloc de béton de 3 étages avec combles ? -Quel est le coût écologique de toutes ces démolitions ? -Quel est l’impact environnemental et calorique de ces “blockhaus” et de leur construction et dans le temps ? -N’y a-t-il pas là l’opportunité de réaliser un chantier école afin de préserver et réhabiliter le patrimoine tout en formant des artisans qui demain seront les garants de savoir-faire de cette richesse au travers de la Guadeloupe toute entière ?
La villa étant encore debout, espérons que la municipalité et le porteur foncier la réhabilitent et l’ouvrent au public afin d’en faire par exemple un tiers-lieu…en souhaitant que cette idée fasse partie du fameux “…certain nombre d’options…” du porteur foncier.
Il ne reste que trois villas de ville à Pointe-à-Pitre dont celle-ci, une à la rue Nassau et une autre sur la Place de La Victoire : La Maison de Marie-Galante, elle aussi menacée de démolition (source : conférence de presse décembre 2021, Place de La Victoire)…
Au moment où des propriétaires d’immeubles pointois montrent la voie à la restauration et à la mise en valeur du patrimoine de Pointe-à-Pitre, il serait dommage, si tel n’était pas le cas, que la puissance publique ne s’empare pas de cet élan qui pourrait, à terme, devenir une source de retombées économiques variées non négligeables autour du Patrimoine, de la Culture et des loisirs.
Les 12, 13 et 14 mai 2023 marquent les cent ans du “Concours-Exposition Artistique et Agricole” de Pointe-à-Pitre, la première exposition d’art en Guadeloupe.
En 1923, sur la Place de La Victoire, durant ces trois jours, sont installés des stands comme celui hors concours de Germaine CASSE, artiste peintre et organisatrice de ce concours-exposition, ou toujours hors concours, celui d’Henry GABRIEL professeur de dessin au lycée Carnot et futur co-financeur et co-initiateur du théâtre La Renaissance quatre ans plus tard aux abords de cette même place, sans oublier le stand du photographe pointois Charles BOISEL. Les stands de l’Usine Darboussier, de la Banque de la Guadeloupe, ou encore celui de la Société d’Entreprises Industrielles de la Guadeloupe attirent de nombreux badauds qui viennent admirer les champions du champ de courses de Dugazon comme Thiocol, primé au concours, tandis que les bœufs de concours pâturent sur la Place.
Il faut dire que nous sommes avant le passage du cyclone de 1928, qui va étêter les sabliers et manguiers centenaires, et 1933 qui verra la rénovation de la Place en vue des fêtes du tricentenaire du rattachement de la Guadeloupe à la France en 1935. Cet espace arboré et légèrement bosselé est “quadrillé” par des chemins tracés en diagonale (partant des rues adjacentes à la Place) par l’usure des pas des piétons au fil des décennies. Au Sud, près de la Darse se trouve une fontaine “Wallace“
Crédits photos : Charles BOISEL – 1923. Collection privée.
Ce concours-exposition est à l’initiative de Germaine CASSE, fille du député de la Guadeloupe Germain CASSE (1873-1876). Membre de la Société des Artistes Antillais elle fut missionnée pour développer la formation et la vie artistique en Guadeloupe (1923-1926).
Sources : “Des îlets à la Place de La Victoire” Collection “La Pointe hier et aujourd’hui” Maryse RINALDO et David GREGOIRE – 2023.
Quelques mois plus tard, du 15 au 31 janvier 1924, le 1er salon artistique est organisé à Pointe-à-Pitre par la Société des Artistes Antillais.
L’Atelier Karukéra, dont Germaine CASSE est directrice, organisera plus tard à la Maison Antillaise située au 15 Faubourg Montmartre à Paris dans les années 1920 une exposition sur les “Tableaux, produits des Antilles“.
En 1935, elle participa en tant qu’artiste à la croisière du tricentenaire à bord du paquebot Le Colombie parmi 365 autres passagers tels des députés et sénateurs, des scientifiques, des écrivains, des artistes, des journalistes et cinéastes. Parti du Havre le 10 décembre 1935, le navire arrive à Pointe-à-Pitre le 20 décembre 1935.
Sources : “Des îlets à la Place de La Victoire” Collection “La Pointe hier et aujourd’hui” Maryse RINALDO et David GREGOIRE – 2023.
Cent ans après, quelle est la place de l’Art et de l’Agriculture dans la société et dans les politiques publiques ?
Durant la semaine 22 de 2022, nous avons aperçu, accroché sur le mur de façade des Chantiers Viviès, un permis d’occupation de la voie publique signée par l’édile de la ville signalant l’imminence de la démolition des Chantiers Viviès. Des barrières Héras ont à nouveau été installées aux abords de l’édifice situé sur le quai Ferdinand de Lesseps. A notre grand regret la démolition de cet édifice remarquable de 1949, de par son architecture mais aussi de par son concepteur qu’était l’éminent architecte guadeloupéen Gérard-Michel Corbin et qui raconte l’histoire des quais de Pointe-à-Pitre, semble actée…
Ce n’est pas faute d’avoir questionné les acteurs du dossier et informé le public de la menace de disparition d’un pan du patrimoine pointois. Nous avons même formulé une demande de recours gracieux transmise au maire, et qui à ce jour et sauf erreur de notre part, reste sans réponse ce qui signifie le rejet de notre demande. Le 5 février 2021 nous avions fait un article au sujet des Chantiers Viviès.
En 2008, un projet avait fait l’objet d’une collaboration avec l’autorité compétente afin que la façade soit conservée, ce qui avait été accordé dans un permis de construire modificatif. Le projet comportait bien la façade d’origine surmontée de nouveaux étages, le tout conservant l’aspect extérieur du patrimoine Gérard-Michel Corbin en mettant en retrait les nouveaux étages, tout en réhabilitant l’intérieur avec l’aménagement/création de nouveaux espaces et même d’un petit parking intérieur pour les usagers. Une méthode intelligente et efficace de pérennisation du patrimoine tout en l’adaptant à notre époque et aux besoins urbains de Pointe-à-Pitre.
Ce n’est malheureusement qu’un énième édifice/monument remarquable de la ville sur la longue liste des démolitions du patrimoine de notre ville pourtant labélisée “Ville et Pays d’Art et d’Histoire” (VPAH)… Ainsi, comme annoncée de façon officielle le 17-12-2021, l’ancienne clinique Saint-Nicolas et la Maison de Marie-Galante feraient l’objet de démolitions prochaines…quid de l’ancienne administration Darboussier, monument historique inscrit et seul vestige de l’usine du même nom.
L’association Patrimoine Pointois tient à féliciter chaleureusement Simone Schwarz-Bart et l’association La Souvenance Maison Schwarz-Bart (facebook / instagram) ainsi que la commune de Goyave pour le travail effectué en collaboration depuis des années afin de réhabiliter ce lieu culturel mythique de la Basse-Terre et plus largement de la Guadeloupe. Ainsi, c’est la maison de deux écrivains Simone et André Schwarz-Bart, lieu de vie chargé d’histoires, qui va pouvoir bénéficier de travaux conséquents grâce à la Fondation du Patrimoine tels que :
Gros œuvre ;
Charpente et couverture ;
Menuiserie ;
Revêtements des sols et des murs ;
Peinture.
Une fois les travaux réalisés, courant 2023 d’après le site de la Fondation du Patrimoine, le lieu devrait accueillir à nouveau des artistes, des expositions, des concerts et des conférences.
Le patrimoine matériel et immatériel sont l’âme d’un lieu, d’une ville, d’un pays, de l’humanité…
En 1965, la municipalité de Pointe-à-Pitre désire faire construire un centre des arts mais également un espace politique. L’idée de la construction du Centre des Arts et de la Culture est émise par le maire mais le ministre des Outre-mer ne suit pas l’idée. En effet l’état garantissait une prise en charge des travaux à 50% à condition que la gestion du centre soit indépendante et apolitique.
Le bâtiment est donc réalisé sans argent direct de l’État, mais avec des prêts de la Caisse des Dépôts et Consignations et des fonds propres de la mairie.
Le 23 février 1976 la construction du Centre des Arts et de la Culture débute sur d’anciens terrains marécageux des faubourgs, occupés par des “kaz 4 ròch” ou “on dé pyès kaz”, à l’emplacement du Faubourg Bébian et proche de l’ancien canal longeant les boulevards Faidherbe (boulevard extérieur) et Hanne (boulevard intérieur). Géolocalisation
Le 1er novembre 1977 “l’anneau brisé” est inauguré, face à la mairie. Il est réalisé par le sculpteur Henri Martin-Granel. Allégorie de la Liberté, il est le 1er mémorial en Guadeloupe dédié aux héros de la lutte contre le rétablissement de l’esclavage en 1802 tels Delgrès, Ignace, Solitude, Monnereau, Marthe Rose et tous les autres. Géolocalisation
Toujours en 1977, la première manifestation culturelle s’y déroule. L’inauguration “officielle” du Centre a lieu le 23 mars 1978. La même année, la sculpture “La Ronde de l’Amitié“, conçue par le sculpteur Jean-Claude Echard, est installée aux abords du bâtiment. Géolocalisation
En 1989, le groupe Kassav’ y fête ses 10 ans de carrière :
Comme Kassav’, de nombreux artistes de tous horizons s’y produisent tel Miles Davis, le jazzman, qui y joue le mercredi 7 février 1990 à 20h :
Le 31 décembre 1992, l’association “Jazz à Pointe-à-Pitre“, ayant son siège au Centre des Arts et de la Culture, est créée.
Le Centre ferme ses portes en 2009 après 32 ans d’activités. Il aura accueilli tant d’artistes, tant de concerts ! Nombre de guadeloupéens se souviennent encore des cours de piano, des cours de danses, du salon du livre au mois d’avril ou des spectacles pour enfants le mercredi après-midi…
De 2015 à 2019, les travaux de confortement parasismique de la grande salle sont effectués ainsi que la construction de la nouvelle partie, plus grande que l’ancienne démolie quelques années auparavant.
Aujourd’hui, le gros œuvre est quasiment terminé. L’habillage intérieur et extérieur ainsi que les réseaux restent à réaliser. Le 5 juillet 2021 et ce pendant plus d’un an, le Centre des Arts et de la Culture a été occupé par un Kolektif d’artistes qui y organisait de nombreux évènements culturels et des visites et réclamaient aux décideurs que ce lieu de vie d’arts et de culture soit terminé et remis à nouveau à la disposition du public.
Il est temps d’écrire la suite de l’histoire de ce lieu mythique… Pour Pointe-à-Pitre Et pour la Guadeloupe !
Marcel Lollia, dit “Vélo”, naît le 7 décembre 1931 à Pointe-à-Pitre.
Enfant de parents ouvriers à l’usine Darboussier, il fréquente très tôt les quartiers de Carénage/Zamia et de Fond Laugier où il joue du Ka avec l’association VELO de son père, Vénance LOLLIA. Il est initié par le maître tanbouyé Carnot. Il se produit dans les bals, les fêtes municipales mais aussi dans les cours Selbonne, Zamia et Lacrosse.
Il est repéré par Madame ADELINE (Man Adline) qui tient un café sur la place de La Victoire. Il rejoint ainsi sa troupe de musiciens et de danseurs la Briscante et joue sur les paquebots amarrés au port de Pointe-à-Pitre le temps de leur escale. Puis il se produit à Paris avant de revenir en Guadeloupe.
En 1978 il déboule avec des condisciples dans les rues de Pointe-à-Pitre, habillés de vêtements de récupération, ce qui leur vaudra le surnom “mé a ki yo ?”. Il fut membre fondateur du groupe Akiyo qu’il quitta peu de temps après.
Très malade, il décède le 5 juin 1984. Son corps est exposé à la foule durant trois jours aux abords du kiosque à musique de la Place de La Victoire. La messe de son enterrement sera l’occasion pour le ka et la langue créole de rentrer pour la première fois dans l’église Saint-Pierre et Saint-Paul.
Une première sculpture en résine époxy a été installée en 2004 au croisement des rues de Nozières et St-John Perse, puis remplacée par une sculpture en bronze en 2014. Toutes deux réalisées par l’artiste guadeloupéen Jacky POULIER à la demande du groupe Akiyo.
Pour aller plus loin, le livre ci-dessous coécrit par Carnot en 1986, relate la rencontre et la collaboration entre Carnot et Vélo ainsi que l’époque de la Briscante :
1802 : Le reste des prisonniers de la colonne d’Ignace sont fusillés à Fouillole en bord de mer. Leurs corps sont jetés à l’eau.
1848 : La 2eme abolition de l’esclavage est proclamée en Guadeloupe par le gouverneur Layrle.
En ce matin du 27 mai 1848, le gouverneur reçoit une députation à 6h00 du matin, (délégation de représentants de la ville de Pointe-à-Pitre envoyée la veille par son conseil municipal ayant voté pour la demande de l’abolition de l’esclavage auprès du gouverneur Layrle).
“Elle est sollicitée comme moyen de salut public.”
Proclamation du maire.
Le conseil municipal de Pointe-à-Pitre convoqué le 26 mai à midi en séance extraordinaire.
Le maire donne lecture des pièces officielles reçues de la Martinique :
1er la proclamation du gouverneur M. Rostoland du 22 de ce mois, demandant le concours des honnêtes gens pour réprimer les désordres.
2ème d’une autre du maire de St. Pierre demandant le même concours et annonçant que le conseil municipal vient de demander au gouverneur l’abolition de l’esclavage.
Deux propositions, celle du Maire donne la paix et la seconde la guerre et la guerre civile.
Proclamation du maire de Pointe-à-Pitre :
“Je conçois les alarmes en présence des évènements graves et des malheurs déplorables dont notre sœur, la Martinique vient d’être le théâtre : mais rassurez-vous, il ne sera pas dit que l’esprit de sagesse et de modération dont la classe esclave de la population jusqu’ici fait preuve restera sans récompense : il ne sera pas dit que nous abuserons de ce bon esprit ou de notre force pour retarder plus longtemps le bienfait de la liberté.
Le maire, Champy.”
“En présence de ces faits qui font naître l’impossibilité de maintenir plus longtemps ici le régime de l’esclavage, le Gouverneur propose de prononcer l’émancipation immédiate des esclaves de la Guadeloupe.
A l’unanimité le conseil privé appuie cette mesure devenue d’une indispensable nécessité dans la situation actuelle de la colonie.
Le gouverneur décide que nulle disposition répressive ou restrictive n’accompagnera la proclamation de la liberté.”
Sources :
-Pointe-à-Pitre, Urbanisme et architecture religieuse, publique et militaire XVIIIè et XIXè siècles.
-Délibérations du Conseil privé, séance du 27 mai 1848
-Gazette officielle de la Guadeloupe : 31 mai 1848
-Société d’Histoire de la Guadeloupe :
1967 : Deuxième jour de révolte syndicale et ouvrière dans Pointe-à-Pitre. La lutte et la répression s’étendent jusque dans les faubourgs de la ville.
Rapport de la Commission d’information et de recherche historique sur les événements de décembre 1959 en Martinique, de juin 1962 en Guadeloupe et en Guyane, et de mai 1967 en Guadeloupe.
1802 : 100 prisonniers faisant partie de la colonne d’Ignace, luttant contre le rétablissement de l’esclavage, sont fusillés sur la place de La Victoire.
1848 : Ce jour-là, un conseil municipal extraordinaire est convoqué à midi à Pointe-à-Pitre par le maire Théodore Champy. Le maire donne lecture de documents officiels en provenance de la Martinique : proclammation du gouverneur de Rostoland, lettre du maire de St-Pierre proclammant l’abolition de l’esclavage.
T. Champy propose une demande similaire au gouverneur de Guadeloupe.
L’abolition sera proclamée le lendemain, le 27 mai 1848, par le gouverneur Jean-François Layrle par crainte de soulèvement populaire. En effet, depuis plusieurs mois la tension se fait sentir à Pointe-à-Pitre…Le 6 mai 1848, “Le journal l’Avenir fait allusion à une émeute provoquée par l’arrestation d’un “nègre marron” sur les quais de la ville de Pointe-à-Pitre. Le conseil municipal est sensible à cette tension. Son inquiétude s’accroît à la nouvelle des évènements dramatiques de St-Pierre : devant l’émeute des esclaves et des libres de couleur, le gouverneur Rostoland a dû proclamer l’émancipation, anticipant sur les décisipons de Paris.”
Ce n’est que le 7 juin 1848 que le décret d’abolition de l’esclavage arrivera à la Darse par bateau depuis la Martinique, porté par le général Gâtine.
De nos jours, une rue porte le nom de Champy et le quai Est (devant l’ex Forum Caraïbe) porte le nom de Gâtine.
Sources :
-Histoire des Communes Antilles-Guyane.
-Pointe-à-Pitre, Urbanisme et architecture religieuse, publique et militaire XVIIIè et XIXè siècles.
1967 : A lieu une révolte ouvrière et syndicale place de La Victoire : Des négociations salariales se déroulent entre les syndicats ouvriers et le patronat à la chambre de commerce (aujourd’hui CTIG) notamment sur des salaires, sans succès. Vers 15h, les évènements dégénèrent. Les militaires sont envoyés en renfort depuis la base de la Martinique. Ils tirent à balles réelles sur les civils tandis qu’ils utilisent notamment des conques de lambis. Officiellement, une 60aine de syndicalistes et ouvriers sont tués dont Jacques Nestor (26 ans). Ces évènements dramatiques sont connus sous le nom de “Mé 67“.
Rapport de la Commission d’information et de recherche historique sur les événements de décembre 1959 en Martinique, de juin 1962 en Guadeloupe et en Guyane, et de mai 1967 en Guadeloupe.
Le monument au “sang chaînes, 100 chaînes, sans chaîne”, situé sur le sud-ouest de la place, leur rend hommage ainsi qu’une fresque dont la maquette est signée de l’artiste Sanmyel, sur la droite du mur d’enceinte du collège Nestor de Kermadec, installée en 2007 et restaurée en 2020.
Joseph Ignace, officier des troupes républicaines, et ses compagnons luttant contre le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe seront fusillés près de Pointe-à-Pitre, au fort de Baimbridge; la tête de Joseph Ignace (défigurée par une arme à feu) est ensuite présentée à plusieurs endroits de Pointe-à-Pitre.
Sources : Pointe-à-Pitre, Urbanisme et architecture religieuse, publique et militaire XVIIIè et XIXè siècles.
En 1827, un théâtre fut construit au nord de la place de La Victoire, à l’emplacement de l’actuel kiosque à musique. Il fut détruit en 1843 par le tremblement de terre. Un autre théâtre fut construit dès 1857 sur l’emplacement de l’ancien théâtre détruit en 1843. Il sera inauguré en 1862. Des décorations peintes seront réalisées par l’artiste guadeloupéen Armand Budan. Il était richement décoré de boiseries sculptées, de sièges et rideaux de velours rouge et de fresques. Le foyer du théâtre servira notamment de salle pour les représentants de la ville, les maisons utilisées pour se réunir, rue Achille René-Boisneuf, ayant été détruites lors de l’incendie de 1871. Construit tout en bois, il sera à son tour détruit par le feu en 1882.
Depuis quelques semaines, des fouilles archéologiques préventives sont menées sur une parcelle se situant sur les quais de Pointe-à-Pitre. L’institut à mis au jour divers éléments présents dans le sol et a pu retracé une partie de l’histoire des lieux :
“La fouille archéologique préventive de Pointe-à-Pitre vient de se terminer… Elle s’est déroulée pendant cinq semaines avec une équipe de 4 personnes. Elle a permis de mettre au jour des aménagements liés au port. La présence de maçonneries associées à une maison d’habitation a été observée, ainsi que les traces d’un séisme, probablement celui de 1843. Ce sont ensuite des entrepôts qui sont reconstruits, aménagés de sols dallés dans lesquels des chaudières ont été installées ainsi que des canalisations conservant de nombreuses pipes en terre dans leur comblement… Ça vous dit quelque chose ☺️? Après la réalisation du terrain, c’est l’étude de post-fouille qui va commencer et qui nous permettra d’affiner l’analyse des vestiges mis au jour sur la parcelle.” Source vidéo et texte : https://www.instagram.com/p/COJHp8-n3jK/?igshid=y5qz6u0mdtx6
Une nouvelle fois, nous avons alerté les administrations et collectivités compétentes concernées par la dégradation avancée d’un monument historique, témoin et vestige industriel de la ville de Pointe-à-Pitre.
Le 11 janvier 2021, le 1er février 2021 ainsi que le 19 mars 2021, notre association Patrimoine Pointois a attiré leur attention sur l’état de délabrement avancé d’un bâtiment inscrit aux monuments historiques, par le biais de courriers accompagnés des photos ci-dessous.
->Courriers à ce jour sans réponse de leur part excepté une réponse générique de la part d’une administration.
Il s’agit d’un ancien entrepôt de la SIAPAP (ex usine Darboussier), devenu vice-rectorat au milieu du siècle dernier avant d’être abandonné à son triste sort. Le laisser périr c’est effacer une partie de la sociologie de la construction de la ville.
En effet, le rez-de-chaussée constitué en grande partie de moellons, de chaux et de briques se délite de toutes parts. L’étage en bois, caractérisé par le dessin d’un appareillage de pierre sur le bardage semble rongé par des insectes et abîmé par les intempéries sans compter le non-entretien et les non-réparations. De plus, côté rue Peynier, il semble que les balcons aient été sciés ne laissant apparaître que leurs bases situées à la jointure des deux niveaux. Ce bâtiment, inscrit aux MH, témoigne de l’histoire de la ville et du port ainsi que de ses habitants. Il fait partie de l’ADN et du patrimoine industriel de la ville de Pointe-à-Pitre.
Rappelons-nous qu’une maison célèbre a été ravagée par un incendie, non loin de là, rue Peynier, il y a à peine deux ans…n’attendons pas qu’il soit trop tard pour agir !
La préservation du patrimoine matériel et immatériel est primordiale pour la transmission aux générations futures.
Il y a urgence, le patrimoine pointois est en danger !
Il y a un peu plus de 2 ans, le 07 février 2019 vers 21h, la Maison Forier était emportée par les flammes. Un pan du patrimoine de la ville, symbole de la maison bourgeoise créole pointoise disparaissait, emportant avec elle le vécu et les souvenirs de ses occupants. Depuis 1875 elle occupait cette parcelle et était reliée par une passerelle au niveau du 1er étage à la Maison Dain voisine (Ecole Peynier/Franz Rallion) dont les propriétaires étaient membres de la même famille. La passerelle fut retirée lors de l’achat de la maison par les Forier en 1971. La maison faisait la joie des passants et des visiteurs lors des journées du patrimoine. Aujourd’hui on peut encore admirer son architecture et les différents éléments qui la composaient dans les livres Kaz Antiyé Jan Moun Ka Rété et Caribbean Style.
Pourquoi s’évertuer à détruire systématiquement le patrimoine de Pointe-à-Pitre ?
Comment le service urbanisme de la ville de Pointe-à-Pitre peut il autoriser la démolition de la façade des “Chantiers Viviès” (localisation), quai Ferdinand de Lesseps, alors que le bâtiment se situe dans la zone du périmètre des 500m de plusieurs monuments historiques classés et inscrit ? (Musée saint John Perse, Médiathèque et Ancienne Capitainerie du Port). Que dit le PLU ?
Alors que des propriétaires privés fonciers ont la conscience de la valeur du patrimoine et font des efforts financiers importants, notamment en montant des dossiers de financement, les entités publiques s’évertuent à démolir systématiquement le patrimoine qu’elles possèdent…
Aucune considération n’est faite notamment pour les architectes guadeloupéens qui ont conçu ces édifices par le passé. Ainsi, la Renaissance, née d’une souscription de quatre pointois et dont la façade a été conçue par un pointois, est vouée à la démolition, et ce depuis 2016 par son propriétaire actuel, L’EPCI central.
Aujourd’hui c’est au tour de l’immeuble des “Chantiers Viviès, Viviès Frères”, situé sur le quai Ferdinand de Lesseps, racheté par l’Etablissement Public Foncier, de subir les assauts des démolisseurs du patrimoine pointois.
Voici la liste non exhaustive des raisons pour lesquelles la façade du bâtiment est à sauvegarder :
-De style Art Déco, construit par l’architecte Guadeloupéen Gérard-Michel Corbin et achevé en 1949 par l’entrepreneur Diligenti.
-Les lettres de l’enseigne en fer.
-La cage d’escalier centrale.
-Le large auvent qui protège le rez-de-chaussée de la pluie et du soleil.
-Les deux balcons à l’étage, en retrait de chaque côté de la cage d’escalier.
En somme l’ensemble des éléments qui composent la façade.
Or, des projets avaient déjà été présentés afin de sauvegarder la façade…Pourquoi absolument démolir, effacer, gommer les monuments de la ville ?
Détruire aujourd’hui c’est retirer à Pointe-à-Pitre son identité patrimoniale de demain, et pour les générations futures.
Que va t’on construire à la place, encore des immeubles génériques sans identités, qui ne racontent rien, et non adaptés au climat de la Guadeloupe ?
Le 25 janvier 2020, aux alentours de 16h, l’alerte était donnée, l’incendie de la Renaissance située sur la place de La Victoire, retentissait comme un coup de tonnerre à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe et au-delà.
Des pointois, des badauds étaient présents sur la place de La Victoire, incrédules face à l’ampleur de la catastrophe. Certains ont même parlé de “Notre-Dame” pour la Guadeloupe, en référence à l’incendie de 2019 survenu dans la toiture de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Photos prises le jour de l’incendie (le 25/01/2020) :
Photos prises le lendemain de l’incendie (le 26/01/2020) :
Au-delà du bâtiment, il s’agit d’un lieu chargé de la mémoire des pointois et guadeloupéens qui l’ont fréquenté, qui ont également profité de la place de La Victoire dont la Renaissance fait partie de la dynamique urbaine.
Tout juste un an après le sinistre, nous en sommes là :
Rien n’est perdu avec l’aide et la volonté de chaque citoyen.ne
Signons la pétition en ligne, sauvons le patrimoine pointois
L’histoire de la Renaissance, place de la Victoire; une histoire singulière :
En 1927, quatre pointois décident de créer une société (la société du théâtre de Pointe-à-Pitre) afin de lancer une souscription. Ils récolteront 400.000 francs de l’époque.
La parcelle est choisie à l’emplacement d’une ancienne écurie.
La façade a été conçue par un professeur de dessin pointois du lycée Carnot, monsieur Gabriel.
La Renaissance représente l’arrivée du cinéma en Guadeloupe.
La Renaissance est un monument historique inscrit depuis 2009 à l’histoire Pointo-Pointoise qui fait partie intégrante de la dynamique urbaine de la place de la Victoire.
De nombreux Pointois et Guadeloupéens y ont vu leur premier film, ont assisté à leur premier concert, aux remises de prix du lycée Carnot, aux jeux floraux…Cet édifice fait partie de l’âme de Pointe-à-Pitre.
Pour la sauvegarde de la façade de la Renaissance signons la pétition :