Le B.U.M.I.D.O.M. (BUreau pour le développement des MIgrations intéressant les Départements d’Outre-Mer) est officialisé par l’arrêté du 26 avril 1963 publié le 7 juin. La Guadeloupe, la Martinique et la Réunion sont concernées.

L’idée du projet du B.U.M.I.D.O.M. date de juillet 1959 lorsque le premier ministre français de l’époque, Michel Debré accompagne le Général de Gaulle à l’occassion d’une visite sur l’île de la Réunion.
Il sera en 1963 élu député de ce département et aura une politique sans équivoque vis-à-vis de la population réunionnaise.

Entre 1959, année de l’idée du projet, et 1963 durant laquelle paraîtra l’arrêté de création du 26 avril puis le décret de concernant la composition en juin, des infrastructures vont être construites afin de faciliter le déplacement de population vers la « métropole » (aujourd’hui appelé pudiquement l’Hexagone).
Aussi, en Guadeloupe, et plus particulièrement à Pointe-à-Pitre, la gare maritime transatlantique inauguré en 1959, va être le point de départ majeur de l’archipel.

Les paquebots de la Compagnie Générale Transatlantique, le « Colombie » , « Antilles » ou encore « Flandres » vont embarquer, parmi leurs passagers, des guadeloupéens enrolés auprès du B.U.M.I.D.O.M. Le grand hall de la gare va voir passer bon nombre d’aspirants à une meilleure vie (promise…). Après l’achat du billet, la grande passerelle mobile permet d’accéder directement au pont supérieur du navire. Les bagages sont chargés dans les soutes.

La corne du beateau retentit, c’est l’heure du départ, les coeurs se serrent, les yeux rougissent et les larmes commencent à parler sur le visage… « Adieu foulards, adieu madras » …
Certains partiront par avion depuis l’aéroport du Raizet.
Pour la Grande-Terre + les communes du Nord Basse-Terre, le bureau est situé au n°20 de la rue Bébian à Pointe-à-Pitre, Pour le Sud Basse-Terre et Les Saintes, le bureau est situé au n°10 de la rue du Docteur Cabre à Basse-Terre.

De 1963 à 1982, les chiffres totaux pour la Guadeloupe des départs vers la « métropole » sont de 16 562.
Sur place, les « domiens » sont employés dans des postres administratifs (PTT, RATP notamment comme poinçonneurs), à l’usine pour les hommes, au ménage pour les femmes…
Des foyers d’hébergement, comme celui situé près de la gare du Nord à Paris, sont créés où les gens tentent de recréer un tissu social de leurs départements d’origines : aide et accompagnement aux démarches administratives, nourriture, musique…le mal du pays se fait sentir. La désillusion laisse très vite la place à la réalité. Quelques personnes voient aussi cela comme une opportunité. Mais pour beaucoup, cela représente des vies et des espoirs brisés, des situations précaires.
Souvent, des chansons connues telles « Mwen dòmi déwò » du groupe Tabou Combo ou encore « Ola ou yé » de Patrick Saint-Eloi sont des témoins de ces situations difficiles.
En juin 1968, l’antenne parisienne du B.U.M.I.D.O.M. est saccagé.
Le B.U.M.I.D.O.M. est remplacé par l’A.N.T. (Agence Nationale pour l’insertion et la promotion des Travailleurs d’outre-mer) en 1982 puis L.A.D.O.M. (Agence De l’Outre-Mer pour la Mobilité) en 1992.
Depuis la création du B.U.M.I.D.O.M., ce déplacement préparé de population est perçu comme un moyen utilisé pour vider ces départements d’une partie de leur jeunesse mais aussi d’affaiblir des groupes indépendantistes.
De nombreux ouvrages retracent cette période peu connue de l’histoire de France.
La bande dessinée « Peyi an Nou » signée des auteures Jessica Oublié et Marie-Ange Rousseau, « L’émigration antillaise en France » d’Alain Anselin ou encore « Lettres à une Noire » de Françoise Ega, permettent de rentrer dans l’univers du B.U.M.I.D.O.M.
Une riche exposition sur cette période se tient aux Archives Départementales de la Guadeloupe du 14 mars au 28 juin 2025.