Catégories
Histoire

La Marina de Pointe-à-Pitre : un quartier récent aux racines anciennes

Quartier relativement récent par ses constructions modernes, la Marina de Pointe-à-Pitre (que les noctambules surnomment souvent « Marina du Gosier » ) constitue aujourd’hui une aire urbaine dynamique en pleine évolution, bâtie sur un territoire dont la riche histoire est peu connue.

Dès les débuts de la colonisation de la Grande-Terre, cette zone était déjà stratégique : on y retrouvait la Rivière à Pitre, l’îlet à Pitre et surtout la Pointe-à-Pitre, figurant sur de nombreuses cartes anciennes sous la forme de deux langues de terre ou de sable. Bien avant l’aménagement actuel, ce site servait de mouillage pour les navires marchands, abrité naturellement des houles de l’hivernage grâce aux îlots coralliens.

La protection de la baie était renforcée par deux fortifications : un fortin situé au sud de l’îlet Cochons, et le fort de l’Union (ou fort Louis), aujourd’hui en ruines, sur la commune du Gosier. Ce dernier a donné son nom à la zone dite « Bas du Fort », à cheval entre Pointe-à-Pitre et Le Gosier. Ces deux ouvrages militaires encadraient la passe, assurant la surveillance et la défense contre les assauts britanniques.
Le fort l’Union ou fort Louis, est classé aux titre des monuments historiques le 15 décembre 1997.

© Photo Patrimoine Pointois
Projet de fortification de la Plaine St Roch – ANOM cote :
FR ANOM 08DFC106A – 12 avril 1749

Après un cyclone le projet de construire un bourg sur la Plaine Saint-Roch, commune du Gosier, en 1759 est ajourné puis abandonné suite à la guerre de 7 ans avec l’Angleterre.

Situation du quartier dit de Bas-du-Fort, côté commune du Gosier, en 2025.
En rouge la Plaine St-Roch.
© Carte IGN – © Notes Patrimoine Pointois

Avec le temps et les opérations de dragage de la baie, la toponymie évolue : les marins, au gré des documents de navigation, les fameux « connaissements maritimes », déplacent progressivement le nom usuel de « La Pointe à Pitre » pour désigner le mouillage/port plus au Nord vers le bourg naissant, d’abord appelé la « Ville du Morne Renfermé » en 1764 lors de sa fondation, puis La Pointe-à-Pitre vers 1784.

Le Pont Blanc reliait Pointe-à-Pitre aux communes de Gosier, Sainte-Anne et Saint-François, facilitant ainsi les échanges entre les zones littorales du Sud de la Grande-Terre.

Situation du quartier dit de Bas-du-Fort en 2025.
En vert, l’ancien îlet à Pitre, en violet, la zone de la pointe à Pitre.
© Carte IGN – © Notes Patrimoine Pointois

L’aspect actuel de la Marina date des années 1970. Le Port de Guadeloupe entreprend alors d’importants travaux, notamment la construction d’une digue englobant l’îlet à Monroux (ancien îlet à Pitre) et l’ancien banc de sable limitrophe. La Marina sera achevée à l’occasion de l’arrivée de la toute première Route du Rhum en 1978, événement emblématique de la voile transatlantique.

Le rond-point de Blanchard, les restaurants, la capitainerie et le parking se trouvent sur le territoire de Pointe-à-Pitre, tandis que l’aquarium et deux restaurants voisins relèvent de la commune du Gosier.

Depuis quelques années, la gestion de la Marina est confiée à une délégation de service public, garantissant ainsi son développement et sa modernisation continue.