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Encore une démolition en vue ?

2 rue Jean Jaurès – crédit : Patrimoine Pointois

Si vous aimez le patrimoine, c’est peut-être le moment de prendre en photo cette belle villa de ville pointoise, en effet sa silhouette élégante ne sera bientôt plus qu’un souvenir à en croire les documents du conseil municipal.
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Pour rappel, le 9 août 2022 le conseil municipal a voté à l’unanimité des membres présents le portage foncier de la parcelle (source : PV du Conseil Municipal). Il a été présenté les plans d’un immeuble tout en béton de trois étages plus galetas (R+4 ?) et prenant emprise sur toute la parcelle, sa façade donnant directement sur le trottoir.
->Au revoir la belle cour aérée, place à la chaleur !
Pourtant cette villa et sa parcelle ne manquent pas d’atouts. Ainsi, ce qui la caractérise en villa de ville pointoise est dû au fait qu’elle se situe au milieu du terrain et qu’elle soit de construction typiquement pointoise avec ses façades au bardage de bois à larges planches, ses marquises décorant les pants de toit, ses auvents aux dimensions permettant tant l’abri de la pluie que du soleil ou encore son bassin situé sur sa droite dans la grande cour et la large galerie ouverte sur trois côtés pour une fraîcheur assurée.

L’histoire de ce lieu est atypique; il s’agit de l’une des plus anciennes agences de transit de Guadeloupe fondée en 1896 et reconstruite après le cyclone de 1928. Ce lieu rappelle l’histoire maritime pointoise avec ses transitaires en douanes, ses quais ou encore ses entrepôts.
Beaucoup de pointois se souviennent de la célèbre agence de voyage (située sur la droite depuis la rue) qui jadis leur avait permis de séjourner dans de multiples destinations à travers le monde.
Côté loi, la bâtisse se situe dans le périmètre de protection des 500 mètres de plusieurs monuments historiques (cf. Code du Patrimoine) dont l’ancienne mairie (40 m), le Musarth (70 m), ou encore le Musée Saint John Perse (195 m) pour ne citer qu’eux !

A l’heure où le conseil municipal nous parle de son désir de « rafraîchir la ville » et de « lutter contre les îlots de chaleur » notamment lors du conseil municipal du 26 mai 2023 :

« 13. Recyclage des Friches urbaines (Tranche 1) – Centre ancien de la ville de Pointe-à-Pitre –
Végétalisation et renaturation des espaces publics en centre-bourg pour limiter le ruissellement des eaux pluviales et lutter contre les ilots de chaleur – Demande de subvention DETR 2023
« 

Source : Convocation Conseil Municipal du 26 mai 2023.


Selon le point 2 de l’ordre du jour du conseil municipal du 9 août 2022 :

« 2- PORTAGE FONCIER DE LA PARCELLE A1 5 ACQUISE PAR l'[…] POUR LE COMPTE DE LA VILLE DE
POINTE-A-PITRE
Monsieur M[…] présente ce point en indiquant que l'[…] a donné son accord pour procéder à l’acquisition de la parcelle AI 5 d’une superficie de 410 m² sise 2, rue Jean Jaurès, pour le compte de la Ville de Pointe-à-Pitre. Ce bien étant destiné à la construction de logements.
Il explique les contours d’une convention opérationnelle de ce portage foncier.

Monsieur le Maire apporte des précisions sur ce projet. Il indique que cette convention prévoit un certain nombre d’options que l'[…] peut prendre en charge pour la collectivité.
Il explique les modalités d’intervention et les différents avantages que peut bénéficier la ville, notamment dans le cadre de l’optimisation des actifs et l’accompagnement de l'[…]…
« 

Extrait du PV du Conseil Municipal du 9 août 2022


Des questions se posent alors :
-Pourquoi avoir voté la démolition de fait de ce magnifique pan du patrimoine pointois en le remplaçant par un bloc de béton de 3 étages avec combles ?
-Quel est le coût écologique de toutes ces démolitions ?
-Quel est l’impact environnemental et calorique de ces « blockhaus » et de leur construction et dans le temps ?
-N’y a-t-il pas là l’opportunité de réaliser un chantier école afin de préserver et réhabiliter le patrimoine tout en formant des artisans qui demain seront les garants de savoir-faire de cette richesse au travers de la Guadeloupe toute entière ?

La villa étant encore debout, espérons que la municipalité et le porteur foncier la réhabilitent et l’ouvrent au public afin d’en faire par exemple un tiers-lieu…en souhaitant que cette idée fasse partie du fameux « …certain nombre d’options… » du porteur foncier.

Il ne reste que trois villas de ville à Pointe-à-Pitre dont celle-ci, une à la rue Nassau et une autre sur la Place de La Victoire : La Maison de Marie-Galante, elle aussi menacée de démolition (source : conférence de presse décembre 2021, Place de La Victoire)…

Au moment où des propriétaires d’immeubles pointois montrent la voie à la restauration et à la mise en valeur du patrimoine de Pointe-à-Pitre, il serait dommage, si tel n’était pas le cas, que la puissance publique ne s’empare pas de cet élan qui pourrait, à terme, devenir une source de retombées économiques variées non négligeables autour du Patrimoine, de la Culture et des loisirs.

Texte : Patrimoine Pointois

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Histoire

On dé pyès kaz

Les « on dé pyès kaz » étaient transportées depuis les campagnes sur des cabrouets (charrettes) jusque dans les faubourgs proches et lointains de Pointe-à-Pitre.
Elles étaient posées sur un socle de moellons et autres matériaux afin d’éviter les inondations par temps de pluies et de cyclone. Selon les dimensions de la parcelle, elles étaient orientées de face ou de côté.
Photo 1. Vue générale de la façade.
Photo 2. Détails du socle rocheux.
Photo 3. Frise en bois sculpté démontrant la volonté de montrer, pour le propriétaire, son statut social auprès des voisins.
Photo 4. Porte ouvrant sur un ancien couloir traversant et rejoignant la rue parallèle.