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Histoire

L’histoire du Centre des Arts et de la Culture

En 1965, la municipalité de Pointe-à-Pitre désire faire construire un centre des arts mais également un espace politique.
L’idée de la construction du Centre des Arts et de la Culture est émise par le maire mais le ministre des Outre-mer ne suit pas l’idée. En effet l’état garantissait une prise en charge des travaux à 50% à condition que la gestion du centre soit indépendante et apolitique. 

Le bâtiment est réalisé sans argent de l’État, mais avec des prêts de la Caisse des Dépôts et Consignations et des fonds propres de la mairie. 

Le 23 février 1976 la construction du Centre des Arts et de la Culture débute sur d’anciens terrains marécageux des faubourgs occupés depuis plus d’un siècle par des « kaz 4 ròch » ou « on dé pyès kaz », à l’emplacement du Faubourg Bébian et proche de l’ancien canal longeant le boulevard.
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En rouge, la délimitation du futur Centre des Arts et de la Culture. Collection privée.

Il est conçu par l’architecte Jean Le Couteur.
Il est l’architecte et inventeur de la ville balnéaire du Cap d’Agde dans le sud de la France, ou encore de la cathédrale du Sacré-Cœur d’Alger et de nombreux édifices en béton à travers le monde.
Il est aussi l’architecte de la Cité du Raizet pour l’opération « Terrain Caruel« .

Le 1er novembre 1977 « l’anneau brisé » est inauguré.
Allégorie de la Liberté, il est le 1er mémorial dédié aux héros de la luttes contre l’esclavage.
Il est réalisé par le sculpteur Henri Martin-Granel.
« L’anneau brisé » rend hommage à Delgrès, Ignace, Solitude et tous les autres Héros. Géolocalisation

La première manifestation culturelle se déroule en 1977 et l’inauguration officielle a lieu le 23 mars 1978.

C’est aussi en 1978 que la sculpture « La Ronde de l’Amitié« , conçue par le sculpteur Jean-Claude Echard, est installée devant du Centre des Arts.
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En 1989, le groupe Kassav’ y fête ses 10 ans de carrière :


Miles Davis se produit le mercredi 7 février 1990 à 20h :

Le 31 décembre 1992, l’association « Jazz à Pointe-à-Pitre« , ayant son siège au Centre des Arts et de la Culture, est créée.

Le Centre des Arts et de la Culture ferme ses portes en 2009 après 32 ans d’activités.
Tant d’artistes s’y sont produits, tant de concerts y furent donnés, tant de guadeloupéens se souviennent encore des cours de piano, des cours de danses, des salons du livre au mois d’avril ou des spectacles pour enfants le mercredi après-midi…

De 2015 à 2019, les travaux de confortement parasismique de la grande salle ainsi que la construction de la nouvelle partie, plus grande que l’ancienne démolie une décennie plus tôt, sont effectués.

Aujourd’hui, le gros œuvre est quasiment terminé. L’habillage intérieur et extérieur ainsi que les réseaux restent à réaliser.
Depuis le 5 juillet 2021, le Centre des Arts et de la Culture est occupé par un Kolektif d’artistes qui y organise de nombreux évènements culturels et des visites et réclame aux décideurs que ce lieu de vie d’arts et de culture soit terminé est remis à nouveau à la disposition du public.

Il est temps d’écrire la suite de l’histoire de ce lieu mythique des Arts et la Culture pour Pointe-à-Pitre et pour la Guadeloupe ! 

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Ti kamo Lapwent

La Renaissance-fin

En 1927, quatre pointois créent, le 19 décembre,
« La Société du Théâtre de la Pointe-à-Pitre » pour laquelle ils souscrivent à hauteur de 400.000 francs de l’époque.
Les protagonistes sont Messieurs Délos, Fidelin (maire), d’Alexis et Belmont.

A l’origine, il s’agit de construire un théâtre, sur la parcelle ayant été occupée par les écuries Rennard et démolies lors du cyclone de 1928.
La ville n’avait plus de théâtre à proprement parler depuis l’incendie de celui qui occupait l’emplacement du kiosque à musique jusqu’en 1882.

La construction dure de 1929 à 1930.
Les 4 investisseurs font appel à Henri Gabriel qui fait des études d’architecture et qui n’est autre que le fils de Monsieur Gabriel, professeur de dessin au lycée Carnot et proche de plusieurs d’entre eux.

Henri Gabriel architecte guadeloupéen, concepteur de la façade de La Renaissance


Il dessine la façade inspirée du style Renaissance notamment avec son fronton surmonté d’une coquille et de deux ailerons latéraux,

Détails du fronton de La Renaissance

d’Art Nouveau avec ses portes et ferronneries typiques
mais aussi de type modénature avec ses moulures et ses corniches

Détails des portes et modénature

et de style Art Déco avec ses rampes d’escaliers intérieurs latéraux,

Escalier d’entrée, côté droit, vue depuis la place

sans oublier un style plus ancien concernant les galeries latérales (garde-corps et poteaux moulés et décorés en fonte) visibles depuis la place de La Victoire.

Détails d’une des deux galeries latérales

La Renaissance est inauguré le 22 mars 1930.

Dans les années 1930 et jusqu’au début de la 2nde guerre mondiale, il arrivait que des projections soient diffusées sur la place. C’est aussi à cette époque qu’elle devient une salle de cinéma munie de 500 sièges.
Il arrivait que le projecteur soit placé sur le balcon situé sur la façade et l’image était projetée sur un grand drap tendu entre deux poteaux.
Le projectionniste se nommait Monsieur Julienne et sa femme travaillait comme comptable et tenait également la caisse des billets.
L’intérieur était décoré de stuc habillant les structures métalliques.
L’intérieur n’avait rien à envier à toutes les salles de spectacle puis de cinéma de l’époque.
Un balcon en forme de fer à cheval occupait la partie supérieure.
La salle du projectionniste se situait juste derrière la façade, toujours à l’étage.
L’écran était situé côté rue Gilbert de Chambertrand (anciennement rue Condé) et une scène surplombait une petite fosse la séparant du public,

La Renaissance, avait un concurrent à proximité, près de la Darse…Le Rialto.

En 1937, Félix Eboué y prononça son discours « Jouez le jeu » lors de la distribution du prix du lycée Carnot.
En 1958, André Malraux y tenu une réunion sur la redéfinition du statut départemental de la Guadeloupe.

Dans les années 1960-70-80, s’y jouaient des concerts tels que celui de Dalida, Johnny Hallyday, Charles Aznavour et tant d’autres…il arrivait souvent que les groupies fassent fi de la fosse et accèdent à leurs stars préférées avant de leur sauter au coup.
Les artistes venaient avec un de leurs musiciens et s’entraînaient avec des musiciens d’orchestres pointois tels que les Céliny, Debs, ou encore Sarkis…Mais aussi des troupes de théâtre….
Certains anciens aiment à raconter leurs souvenirs dans ce lieu mythique, l’ambiance des bals titanes, des concerts, des spectacles, du premier film qu’ils ont vu de leur vie, de la ferveur sur la place de La Victoire.

Mais aussi les plus jeunes qui ont connus les derniers instants de La Renaissance jusqu’en 2001.

Le monument appartenait au groupe martiniquais Elizé (via la Société guadeloupéenne de renaissance cinématographique SINESOFAR).
Durant toute son histoire cinématographique, Les propriétaires successifs faisaient venir les pellicules de films de France et les diffusait avant que ces derniers ne partent dans les autres cinémas des différentes communes de la Guadeloupe.

En 2012, le rachat est finalisé par la communauté d’agglomération centrale.
De nombreux projets et études sont menés sur la destination des lieux.

Ce 25 janvier 2022 marque la fin de ce lieu mythique, ayant nourri de culture les pointois et les guadeloupéens durant près de 71 ans…
2 ans jour pour jour après l’incendie ayant ravagé l’intérieur désaffecté du lieu le 25 janvier 2020.

Le 22 mars 2022, le monument historique inscrit en 2009 ne fêtera pas ses 92 ans…

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Histoire

Le Lakou

Le Lakou est un lieu de vie, un bien matériel de la cellule familiale.

On pourrait le traduire comme “l’arrière-cour”, à ne pas confondre avec une cour (sorte de ruelle ou d’impasse).

Les Lakous sont apparus à Pointe-à-Pitre après la seconde abolition de l’esclavage (1848), et notamment juste après l’ouverture de l’usine Darboussier (1869) puis l’installation de la succursale de la Compagnie Générale Transatlantique au début du XXe siècle sur les quais du port de Pointe-à-Pitre.

En rouge, les Lakous de Pointe-à-Pitre avant la 1ere Rénovation Urbaine sur fond de carte d’aujourd’hui.

D’abord, les kaz transportées par cabrouets (charrettes) depuis les campagnes sont arrivées sur des parcelles dans les quartiers de Fond Laugier et du Bas-de-la-Source (rue Raspail), puis dans le futur quartier de l’Assainissement, du futur quartier de Mortenol et aux abords de la rue du Cimetière (rue Amédée Fengarol), ce qu’on appelait les faubourgs, mais aussi dans quelques rues du centre ancien comme la rue Nassau ou encore la rue d’Ennery. On appellera les kaz ainsi transportées “kaz 4 roch”. En effet, elles seront posées aux quatre angles sur des roches à même le tuf ou encore des zones humides peu ou pas aménagées.
Les raisons de cet exode rural sont multiples : la 2nde abolition de l’esclavage, les catastrophes naturelles (cyclone en 1899), les crises sociales notamment liées aux crises sucrières mondiales et les périodes de sécheresse…Les gens venaient à la ville chercher du travail.

La structure du lakou est étendu autour d’une arrière-cour comprenant souvent un petit bassin d’eau au centre, de la kaz principale donnant sur la rue, et d’un ensemble de pièces, parfois dépourvues de murs et munies de toit en tôle supporté par des piliers de bois. Des couloirs traversants permettaient de passer d’une rue à l’autre, et souvent ils constituaient un réseau de passages à l’intérieur d’un îlot (pâté de maisons).
Le sol était en terre battue, mais de nombreux lakous ont fini par être bétonnés afin de rendre plus salubre les lieux, surtout pendant la saison des fortes pluies. 

Un Lakou pointois type

A la campagne, les lakous comportaient la structure familiale, et en ville, la structure était, au-delà de la structure familiale, sociale voire sociétale. La proximité avec les voisins a permis de développer un système d’entraide, que ce soit sur la surveillance des enfants ou encore des échanges d’aliments, d’une cuillère de café, d’une pincée de sel, d’une allumette pour allumer le réchaud…
Les arbres tenaient une place vitale dans ce système social vivrier, notamment l’arbre à pain qui a été une source d’alimentation durant la 2nde guerre mondiale, période connue en Guadeloupe sous le nom “An tan Sorin”. Un petit jardin vivrier et créole était souvent présent mais en taille réduite comparé à ceux des campagnes, ce qui permettait à bon nombre de pointois de se nourrir.

Jusqu’à la fin des années 1950, aux abords de la rue du Cimetière (rue Amédée Fengarol) et dans le quartier de l’Assainissement, il existait encore ce mode de vie rural apporté par les habitants des campagnes installés dans les faubourgs. 

Dès la fin de l’opération “tiroir” ou “dékazman”  (1962-1963) sur la Cité-Transit de Lauricisque, les habitants qui ont reçu un appartement à loyer modéré, s’y sont installés (avec leur poules et leurs cochons pour certains et ont vendu leur production d’œufs au marché tout proche afin de tenter de subvenir à leurs besoins).

Aujourd’hui, au hasard d’une promenade pédestre dans les rues de Pointe-à-Pitre, quelques lakous se laissent deviner par la porte d’un étroit couloir ou par l’écart restreint entre les toits des “on dé pyès kaz” (cases en rez-de-chaussée).

Pour aller plus loin :

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31 mai 1764

En ce 31 mai 2021, notre ville de Pointe-à-Pitre fête ses 257 ans d’existence.
(Re)découvrez son histoire dans la vidéo :