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1923-2023

Les 12, 13 et 14 mai 2023 marquent les cent ans du « Concours-Exposition Artistique et Agricole » de Pointe-à-Pitre, la première exposition d’art en Guadeloupe.

En 1923, sur la Place de La Victoire, durant ces trois jours, sont installés des stands comme celui hors concours de Germaine CASSE, artiste peintre et organisatrice de ce concours-exposition, ou toujours hors concours, celui d’Henry GABRIEL professeur de dessin au lycée Carnot et futur co-financeur et co-initiateur du théâtre La Renaissance quatre ans plus tard aux abords de cette même place, sans oublier le stand du photographe pointois Charles BOISEL.
Les stands de l’Usine Darboussier, de la Banque de la Guadeloupe, ou encore celui de la Société d’Entreprises Industrielles de la Guadeloupe attirent de nombreux badauds qui viennent admirer les champions du champ de courses de Dugazon comme Thiocol, primé au concours, tandis que les bœufs de concours pâturent sur la Place.

Il faut dire que nous sommes avant le passage du cyclone de 1928, qui va étêter les sabliers et manguiers centenaires, et 1933 qui verra la rénovation de la Place en vue des fêtes du tricentenaire du rattachement de la Guadeloupe à la France en 1935.
Cet espace arboré et légèrement bosselé est « quadrillé » par des chemins tracés en diagonale (partant des rues adjacentes à la Place) par l’usure des pas des piétons au fil des décennies.
Au Sud, près de la Darse se trouve une fontaine « Wallace« 

Crédits photos : Charles BOISEL – 1923.
Collection privée.

Ce concours-exposition est à l’initiative de Germaine CASSE, fille du député de la Guadeloupe Germain CASSE (1873-1876). Membre de la Société des Artistes Antillais elle fut missionnée pour développer la formation et la vie artistique en Guadeloupe (1923-1926).

Sources : « Des îlets à la Place de La Victoire »
Collection « La Pointe hier et aujourd’hui »
Maryse RINALDO et David GREGOIRE – 2023.

Quelques mois plus tard, du 15 au 31 janvier 1924, le 1er salon artistique est organisé à Pointe-à-Pitre par la Société des Artistes Antillais.

Affiche réalisée par Germaine CASSE.
Pointe-à-Pitre et sa rade sont représentées à l’arrière plan.
Collection privée.

L’Atelier Karukéra, dont Germaine CASSE est directrice, organisera plus tard à la Maison Antillaise située au 15 Faubourg Montmartre à Paris dans les années 1920 une exposition sur les « Tableaux, produits des Antilles« .

En 1935, elle participa en tant qu’artiste à la croisière du tricentenaire à bord du paquebot Le Colombie parmi 365 autres passagers tels des députés et sénateurs, des scientifiques, des écrivains, des artistes, des journalistes et cinéastes. Parti du Havre le 10 décembre 1935, le navire arrive à Pointe-à-Pitre le 20 décembre 1935.

Sources : « Des îlets à la Place de La Victoire »
Collection « La Pointe hier et aujourd’hui »
Maryse RINALDO et David GREGOIRE – 2023.

Cent ans après, quelle est la place de l’Art et de l’Agriculture dans la société et dans les politiques publiques ?

Texte de David GREGOIRE.

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L’histoire du Centre des Arts et de la Culture

En 1965, la municipalité de Pointe-à-Pitre désire faire construire un centre des arts mais également un espace politique.
L’idée de la construction du Centre des Arts et de la Culture est émise par le maire mais le ministre des Outre-mer ne suit pas l’idée. En effet l’état garantissait une prise en charge des travaux à 50% à condition que la gestion du centre soit indépendante et apolitique. 

Le bâtiment est donc réalisé sans argent direct de l’État, mais avec des prêts de la Caisse des Dépôts et Consignations et des fonds propres de la mairie. 

Le 23 février 1976 la construction du Centre des Arts et de la Culture débute sur d’anciens terrains marécageux des faubourgs, occupés par des « kaz 4 ròch » ou « on dé pyès kaz », à l’emplacement du Faubourg Bébian et proche de l’ancien canal longeant les boulevards Faidherbe (boulevard extérieur) et Hanne (boulevard intérieur).
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En rouge, la délimitation du futur Centre des Arts et de la Culture. Collection privée.

Il est conçu par Jean Le Couteur, architecte et inventeur de la ville balnéaire du Cap d’Agde, dans le sud de la France, ou encore de la cathédrale du Sacré-Cœur d’Alger ainsi que de nombreux édifices en béton à travers le monde.
Il est aussi le concepteur de la Cité du Raizet pour l’opération « Terrain Caruel« .

Le 1er novembre 1977 « l’anneau brisé » est inauguré, face à la mairie. Il est réalisé par le sculpteur Henri Martin-Granel.
Allégorie de la Liberté, il est le 1er mémorial en Guadeloupe dédié aux héros de la lutte contre le rétablissement de l’esclavage en 1802 tels Delgrès, Ignace, Solitude, Monnereau, Marthe Rose et tous les autres. Géolocalisation

Toujours en 1977, la première manifestation culturelle s’y déroule. L’inauguration « officielle » du Centre a lieu le 23 mars 1978. La même année, la sculpture « La Ronde de l’Amitié« , conçue par le sculpteur Jean-Claude Echard, est installée aux abords du bâtiment.
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En 1989, le groupe Kassav’ y fête ses 10 ans de carrière :


Comme Kassav’, de nombreux artistes de tous horizons s’y produisent tel Miles Davis, le jazzman, qui y joue le mercredi 7 février 1990 à 20h :

Le 31 décembre 1992, l’association « Jazz à Pointe-à-Pitre« , ayant son siège au Centre des Arts et de la Culture, est créée.

Le Centre ferme ses portes en 2009 après 32 ans d’activités.
Il aura accueilli tant d’artistes, tant de concerts !
Nombre de guadeloupéens se souviennent encore des cours de piano, des cours de danses, du salon du livre au mois d’avril ou des spectacles pour enfants le mercredi après-midi…

De 2015 à 2019, les travaux de confortement parasismique de la grande salle sont effectués ainsi que la construction de la nouvelle partie, plus grande que l’ancienne démolie quelques années auparavant.

Aujourd’hui, le gros œuvre est quasiment terminé. L’habillage intérieur et extérieur ainsi que les réseaux restent à réaliser.
Le 5 juillet 2021 et ce pendant plus d’un an, le Centre des Arts et de la Culture a été occupé par un Kolektif d’artistes qui y organisait de nombreux évènements culturels et des visites et réclamaient aux décideurs que ce lieu de vie d’arts et de culture soit terminé et remis à nouveau à la disposition du public.

Il est temps d’écrire la suite de l’histoire de ce lieu mythique…
Pour Pointe-à-Pitre
Et pour la Guadeloupe ! 

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Velo

Vélo jouant du Ka

Marcel Lollia, dit “Vélo”, naît le 7 décembre 1931 à Pointe-à-Pitre.

Enfant de parents ouvriers à l’usine Darboussier, il fréquente très tôt les quartiers de Carénage/Zamia et de Fond Laugier où il joue du Ka avec l’association VELO de son père, Vénance LOLLIA. Il est initié par le maître tanbouyé Carnot. Il se produit dans les bals, les fêtes municipales mais aussi dans les cours Selbonne, Zamia et Lacrosse.

Il est repéré par Madame ADELINE (Man Adline) qui tient un café sur la place de La Victoire. Il rejoint ainsi sa troupe de musiciens et de danseurs la Briscante et joue sur les paquebots amarrés au port de Pointe-à-Pitre le temps de leur escale. Puis il se produit à Paris avant de revenir en Guadeloupe.

En 1978 il déboule avec des condisciples dans les rues de Pointe-à-Pitre, habillés de vêtements de récupération, ce qui leur vaudra le surnom “mé a ki yo ?”. Il fut membre fondateur du groupe Akiyo qu’il quitta peu de temps après.

Très malade, il décède le 5 juin 1984. Son corps est exposé à la foule durant trois jours aux abords du kiosque à musique de la Place de La Victoire. La messe de son enterrement sera l’occasion pour le ka et la langue créole de rentrer pour la première fois dans l’église Saint-Pierre et Saint-Paul.

R.F.O. 1984

Une première sculpture en résine époxy a été installée en 2004 au croisement des rues de Nozières et St-John Perse, puis remplacée par une sculpture en bronze en 2014. Toutes deux réalisées par l’artiste guadeloupéen Jacky POULIER à la demande du groupe Akiyo.

Pour aller plus loin, le livre ci-dessous coécrit par Carnot en 1986, relate la rencontre et la collaboration entre Carnot et Vélo ainsi que l’époque de la Briscante :

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Histoire

Un théâtre sur la place

En 1827, un théâtre fut construit au nord de la place de La Victoire, à l’emplacement de l’actuel kiosque à musique.
Il fut détruit en 1843 par le tremblement de terre.
Un autre théâtre fut construit dès 1857 sur l’emplacement de l’ancien théâtre détruit en 1843. Il sera inauguré en 1862.
Des décorations peintes seront réalisées par l’artiste guadeloupéen Armand Budan. Il était richement décoré de boiseries sculptées, de sièges et rideaux de velours rouge et de fresques.
Le foyer du théâtre servira notamment de salle pour les représentants de la ville, les maisons utilisées pour se réunir, rue Achille René-Boisneuf, ayant été détruites lors de l’incendie de 1871.
Construit tout en bois, il sera à son tour détruit par le feu en 1882.

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Ti kamo Lapwent

La Renaissance

Il y a un peu moins d’un mois, nous abordions l’incendie de la Renaissance qui a ravagé le monument historique inscrit au titre des Monuments Historiques pour sa façade, ses deux galeries latérales et sa toiture.

En ce même mois de janvier 2021, un rapport post incendie a été rendu sur l’état sanitaire actuel de la façade et dont des décideurs ont reçu copie :

LA FACADE PEUT ETRE SAUVEE !

En effet, il existe des méthodes de conservation ayant déjà fait leurs preuves, à charge aux décideurs de décider du sort des ouvrages inscrits au titre des monuments historiques dont la façade à elle seule représente la place de La Victoire et qui garde les souvenirs de tant de Pointois mais également représente la fierté de Pointe-à-Pitre et de ses habitants.

Méfions-nous des promesses de reconstruction à l’identique, la maison natale de Saint John Perse (démolie illégalement par arrêté municipal en septembre 2017) n’a toujours pas été reconstruite à ce jour.

OSONS DIRE STOP AU VENDALISME DU PATRIMOINE DE POINTE-A-PITRE !!