Né en Martinique de parents guadeloupéens le 3 octobre 1905, il est diplômé Ingénieur Architecte E.T.P. en 1929.
Par David GREGOIRE – 03.10.2024 – Pointe-à-Pitre, Guadeloupe.
En 1930 il conçoit en béton armé le kiosque à musique de la Place de La Victoire, sur un plan octogonal comme le précédent détruit par le cyclone de 1928, de style “Second Empire” conçu, lui, en acier.
Ce sera son premier édifice.
Dès 1930 il collabore avec l’architecte des colonies Ali TUR dans l’élaboration de plusieurs bâtiments et complexes comme la capitainerie du port et l’Office de tourisme, mais aussi avec l’architecte Edmond MERCIER dans la réalisation de l’immeuble de la Banque de la Guadeloupe situé square de la Banque (au sud de la Place de La Victoire).
De 1930 à 1945, il est chargé de gérer les opérations communales notamment de Pointe-à-Pitre en tant qu’architecte voyer*.
Il suit le courant Art Déco au début de sa carrière qu’il personnalise au fil du temps, reconnaissable aux détails tels balcons-jardinières, “œil de bœuf”, auvents séparant les balcons des galeries en rez-de-chaussée, caillebotis situés au dessus des portes d’entrée d’immeubles, carrelages et sols en granito, ferronneries de portes et balcons souvent agrémentés de motifs richement ornés mais aussi menuiseries en bois telles les portes d’immeubles munies de poignées métalliques également dessinées par l’architecte.
A la fin des années 1940, il dessine les plans du Palais de la Mutualité (1944-1945), l’immeuble des employés de la Banque sur le Boulevard Légitimus (1947) ainsi que de nombreux immeubles d’habitation privés du centre-ville.
Son œuvre est visible en majeure partie sur la rue Frébault, en effet, il sera sollicité pour concevoir la reconstruction de plusieurs îlots dès 1950 suite à l’incendie de 1947 en plein centre-ville autour de la rue Barbès.
Son style traverse et mêle l’Art Déco le Modernisme et le Bauhaus.
Dès sa collaboration avec un autre architecte guadeloupéen, Gilbert AMARIAS, le Modernisme sera très utilisé comme pour l’ancienne gare maritime transatlantique qui abrite aujourd’hui le siège du Grand Port Maritime de la Guadeloupe conçue à la fin des années 1950 par le cabinet d’architectes Corbin-Amarias…
…ou encore l’aérogare Sud du Raizet, d’abord en bois (200m²), puis en béton armé, démolie en 2021 et dont seule la tour de contrôle subsite au côté de la nouvelle tour.
Le 20 septembre 1949, en tant qu’architecte départemental, désigné par le Service des Ponts et Chaussées, il est missionné par les autorités pour se rendre à New-York (aéroport JFK) afin de prendre toutes les informations utiles pour la conception d’une superstructure concernant l’aérogare, les hangars et autres installations de base aérienne à venir.
L’aérodrome (avec son aérogare en bois) est inauguré le dimanche 14 mai 1950, ce qui marque l’arrêt définit de l’utilisation du plan d’eau de la Darse comme piste d’amérissage des hydravions. Il est alors appelé “Aérodrome de Pointe-à-Pitre“.
En mai 1953, c’est une nouvelle aérogare qui est inaugurée. Elle fait près de 1126 m², toujours signée de l’architecte.
L’ensemble prend le nom d'”Aérodrome de Pointe-à-Pitre – Le Raizet” par arrêté du 23 novembre 1962 .
En 2024, le projet de changer de nom pour “Guadeloupe – Maryse Condé” est acté par les différentes autorités administratives.
Le 29 septembre 2024, l’arrêté du changement de nom daté du 26 septembre 2024 paraît au Journal Officiel.
Le code international IATA “PTP” (pour Pointe-à-Pitre), lui, reste inchangé.
Il collabore avec les entrepreneurs guadeloupéens tels messieurs Chataîgne, Petrelluzzi, Dioninus Santelli, Oswaldo…
Il fonde le Conseil régional de l’ordre des architecte Antilles-Guyane le 9 décembre 1959 qu’il installe dans le même immeuble (de sa conception) que son cabinet d’architecte situé angle des rues Achille René Boisneuf et Schoelcher.
Il sera réélu président en 1956, et de 1958 à 1965.
Par la suite, l’ordre se scinde en deux, créant ainsi le Conseil de l’ordre des architectes de la Guadeloupe.
En tant qu’architecte du département il supervise la construction du Sacré-Coeur de Pointe-à-Pitre.
De nombreux immeubles à travers la ville, co conçus avec Gilbert AMARIAS, reconnaissables à leur forme géométrique, filant en lignes droites et créant une perspective sont encore bien visibles de nos jours comme l’ancienne boucherie Soudron ou encore la Librairie Générale Jasor rue Schoelcher.
Véritable génie d’une architecture pensée et adaptée au climat et aux contraintes liées à de nombreux risques naturels de la Guadeloupe, très prolifique il aura été à l’origine de plus de 460 constructions en Guadeloupe (notamment à Vernou) et plus de 127 officiellement rien qu’à Pointe-à-Pitre (sans compter la cinquantaine d’immeubles non répertoriés dans la ville ! ).
Il décède à Pointe-à-Pitre en 1975.
Voir les détails :
Parmi ses réalisations pointoises majeures on compte
:
- Le palais de la mutualité – angle des rues Hincelin et Paul Lacavé
- L’immeuble de la Banque – boulevard Légitimus
- L’immeuble Belina – boulevard Légitimus
- Le Cours Michelet – rue Gambetta
- Le commissariat – rue Gambetta
- La Banque de la Guadeloupe – square de la Banque (Place de La Victoire)
- Le Crédit Guadeloupéen – angle des rues Achille René Boisneuf et Nozières
- L’immeuble des douanes – quai Foulon
- La Clinique Saint-Nicolas (projet de démolition) – rue du Commandant Mortenol (Place de La Victoire)
- La Librairie Générale Jasor – rue Schoelcher
- Le Green Hostel (ancien magasin Boulogne) – quai Lardenoy
- Les Chantiers Viviès (
détruits) – quai Ferdinand de Lesseps - Le garage Viviès – rue Paul Lacavé
- Le siège du Conseil régional de l’ordre des architectes – angle des rues Achille René Boisneuf et Schoelcher
- L’ancienne liquoristerie Littée – rue Delgrès
- L’immeuble Khalil – angle des rues Frébault et Barbès
(liste non exhaustive)Rénovations/modifications
: - La Renaissance – Place de La Victoire
- La Sous-Préfecture – Place de La Victoire
- Le lycée Carnot – rue Jean Jaurès (Henri IV)
A noter que le président de l’association, David GREGOIRE, a collaboré avec des acteurs du patrimoine et de l’architecture à l’étude du patrimoine du XXe siècle en vue de labélisation « Architecture contemporaine remarquable » (ACR) commandée par le Ministère de la Culture de certains édifices et quartiers de la ville de Pointe-à-Pitre.
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*qui traite spécifiquement des dossiers d’équipement et d’urbanisme de la commune.Sources : Michel Corbin et recherches de David Gregoire